• Vers un design relationnel

    Pour finir la semaine, évoquons un article qu’Andrew Blauvelt, directeur et conservateur du Walker Art Center de Minneapolis, a publié il y a quelques semaines dans l’excellente revue en ligne Design Observer, et dans lequel il porte un regard global sur l’histoire du design et propose quelques clés de lecture de la discipline actuelle et de ses enjeux. Morceaux choisis.

    Dans ce texte, Andrew Blauvelt se demande tout d’abord s’il existe une approche qui permettrait de saisir, d’un seul mouvement, les différentes disciplines que sont l’architecture, le design et le graphisme.

    Is there an overarching philosophy that can connect projects from such diverse fields as architecture, graphic and product design? Or are we beyond such pronouncements? Should we even expect such grand narratives anymore?

    Il propose, ensuite, de structurer l’histoire de ces disciplines en trois temps, le premier débutant au début du XXe siècle avec la recherche d’un vocabulaire et d’une syntaxe formelle élaborés rationnellement et à vocation universels.

    The first phase of modern design, born in the early twentieth century, was a search for a language of form that was plastic or mutable, a visual syntax that could be learned and thus disseminated rationally and potentially universally. This phase witnessed a succession of “isms” – Suprematism, Futurism, Constructivism, de Stijl, ad infinitum – that inevitably fused the notion of an avant-garde as synonymous with formal innovation itself.

    Le second temps, né dans les années 1960, s’est intéressé au design comme acte pouvant produire du sens. Ce mouvement a connu son apogée dans les années 1980 et 1990, avec des designer-stars délivrant leurs créations comme autant de regards ou de commentaires sur la société.

    Importantly, in this phase of design, the making of meaning was still located with the designer, although much discussion took place about a reader’s multiple interpretations. In the end though, meaning was still a “gift” presented by designers-as-authors to their audiences. If in the first phase form begets form, then in this second phase, injecting content into the equation produced new forms.

    La troisième phase, que nous connaissons aujourd’hui, est quant à elle caractérisée par un renversement assez profond de ces disciplines. Influencée par les technologies numériques, elle a notamment amené à considérer différemment l’utilisateur (avec les notions d’interactivité, de réseaux sociaux, de collaboration, d’open-source…), mais aussi à s’éloigner des expérimentations formelles ou sémiologiques en tant que telles.

    However, the new practices of relational design include performative, pragmatic, programmatic, process-oriented, open-ended, experiential and participatory elements. This new phase is preoccupied with design’s effects — extending beyond the design object and even its connotations and cultural symbolism.

    Nous sommes ainsi passés, aux yeux de l’auteur, d’une projection idéalisée d’ »usages » à une observation et une mise en scène plus fine d’une multiplicité de « comportements »: l’utilisateur s’est dévoilé dans toute sa diversité et sa créativité, comme une composante essentielle du projet. Le contexte, également, a influencé la manière de penser les créations, comme étant lui aussi un facteur actif.

    Even in most instrumental forms of design, the audience has changed from the clichéd focus group sequestered in a room answering questions for people hiding behind two-way mirrors to the subjects of dogged ethnographic research, observed in their natural surroundings — moving away from the idealized concept of use toward the complex reality of behavior.

    Andrew Blauvelt en appelle ainsi à des créations plus souples et plus ouvertes, et à un designer devenu programmateur et projeteur de situations plutôt qu’ingénieur ou simple inventeur.

    Just as the role of the user has expanded and even encompasses the role of the traditional designer at times (in the guise of futurist Alvin Toffler’s prophetic “prosumer”), the nature of design itself has broadened from giving form to discrete objects to the creation of systems and more open-ended frameworks for engagement: designs for making designs. Yesterday’s designer was closely linked with the command-control vision of the engineer, but today’s designer is closer to the if-then approach of the programmer.

    Devenu chef d’orchestre, arbitrant différentes contraintes (économiques, techniques…) tout autant que les apports du contexte de l’utilisateur, le nouveau designer se considère moins « artiste » et s’intéresse aux endroits où le design peut s’autoproduire tout autant qu’aux manières dont il peut le faire. Il conçoit ainsi un design qu’Andrew Blauvelt appelle « relationnel ».

    Relational design is obsessed with processes and systems to generate designs, which do not follow the same linear, cybernetic logic of yesteryear.

    Ce nouveau design, qu’il imagine plus ouvert – comme peut l’être un projet en cours d’élaboration – revêt ainsi de multiples facettes et possibilités. Il donne une nouvelle importance, nous l’avons dit, au contexte, et offre surtout des possibilités inédites de s’abstraire du dictat de la forme comme principale expression de la créativité (et de la pertinence) du designer.

    If the first phase of design offered us infinite forms and the second phase variable interpretations – the injection of content to create new forms – then the third phase presents a multitude of contingent or conditional solutions: open-ended rather than closed systems; real world constraints and contexts over idealized utopias; relational connections instead of reflexive imbrication; in lieu of the forelorn designer, the possibility of many designers; the loss of designs that are highly controlled and prescribed and the ascendency of enabling or generative systems; the end of discrete objects, hermetic meanings, and the beginning of connected ecologies.

    Pour découvrir l’article complet : Towards Relational Design sur designobserver.com


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