Interview: ILÔ Créatif

C’est aujourd’hui Stéphane et Yannick Frant, co-fondateurs de l’agence de design industriel ILÔ Créatif, qui répondent à nos questions.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel?
Stéphane Frant. Après une première formation en design industriel à l’école Raymond Loewy de la Souterraine, j’ai poursuivi mon cursus à l’ESAA (Ecole Supérieure d’ Arts Appliqués) de Troyes. J’ai eu la chance de passer ma dernière année en alternance avec l’entreprise Peugeot Cycles en tant que Designer Junior. J’ai cumulé, par la suite, plusieurs expériences en industrie ou agence dont la dernière a duré durant 3 ans chez Camus Cognac, avant d’initier, avec Yannick, le projet ILO Créatif.
Yannick Frant. Lorsque Stéphane m’a proposé de nous installer et de partager nos visions sur le design, j’ai vu là un défi passionnant à relever. J’étais à l’époque tout juste diplômé de l’école de Design bordelaise CREASUD. Nous avons créé ILO Créatif il y a 8 ans, avec l’ambition de cultiver une variété des domaines abordés qui favorise une remise en question des acquis nécessaire, à notre avis, pour se renouveler.

Sur quel(s) sujet(s) travaillez-vous en ce moment?
YF. Nous avons des projets réellement différents, ce qui nous donne l’occasion d’opérer quelques “respirations” en passant d’un domaine à un autre. Nous travaillons actuellement sur des sièges d’amphithéâtre, des chaussures, des équipements de remise en forme, des produits High Tech ou encore du mobilier.
SF. Il est difficile à croire que l’exercice soit le même pour tous ces projets, mais ils partagent la même démarche de création/conception. Seuls les outils changent et nous permettent d’envisager des transferts de technologie entre domaines autant que d’effectuer une veille sur les tendances émergentes. Et des projets de design produit peuvent être menés en parallèle de créations de packagings pour de la cosmétique et des spiritueux.

Combien de personnes compte votre agence?
SF. ILO Creatif compte 5 personnes. Ce qui en fait une équipe assez souple où chacun, après avoir participé aux phases d’analyse et de créativité, regagne son territoire de prédilection.
YF. Stéphane et moi nous chargeons de la partie Création et Design, rejoints par Benoit qui est aussi en charge de Design et Packaging. Audrey s’occupe quant à elle du graphisme et de l’édition. Quant à Arnaud, il est notre chef de projet et analyste programmeur.

Quelle est votre méthode de travail habituelle?
YF. Nous avons l’habitude de pratiquer les phases d’analyse ensemble, lors desquelles nous collectons toutes les informations dont nous aurons besoin au cours du projet. La phase d’analyse va de l’étude de la cible, de l’usage et de l’environnement jusqu’à l’étude technique ou l’élaboration du cahier des charges (s’il n’est pas formalisé) en passant par l’analyse des tendances, de la concurrence, de la sémiologie et de la sémiotique abordées par le projet.
SF. Durant cette phase, nous nous immergeons aussi en entreprise afin de comprendre les problématiques de nos clients et investiguons sur les lieux de vente et auprès des consommateurs. Cela nous permet d’explorer les non-dits qui nous fournissent une base d’innovation et de créativité. Ceux-ci nous permettent également d’apporter une cohérence, un atout fonctionnel ou du sens aux projets. L’exécution et le suivi technique sont ensuite répartis entre chacun des membres de l’équipe suivant les compétences.

Fréquentez-vous les blogs et sites Internet consacrés au design, et si oui lesquels?
YF. Oui, cela nous permet de nous dégager de nos obligations pour prendre du recul. Un petit tour sur Core77, Admirable Design, Notcot ou Trendir nous permet de voir les choses avec un œil neuf.
SF. Et La Revue du Design est évidemment elle aussi dans nos marques-pages Internet!

Y a-t-il un ou plusieurs designers, ou créateurs, qui vous inspirent au quotidien?
YF. Nous avons beaucoup de respect pour le travail des frères Bouroullec, de Matthieu Lehanneur, de Ross Lovegrove ou encore de Marc Newson, qui ont chacun des sensibilités différentes.
SF. Nous apprécions aussi les visions du métier de Samuel Accoceberry et d’Emmanuel Gallina.

S’il y avait une chose à changer dans le design?
SF. Il n’y a pas vraiment de chose à changer qui ne soit pas déjà en cours comme le fait de replacer “l’humain” au centre des préoccupations, et cela comprend la question environnementale. Il y a une mutation du métier qui s’opère naturellement.

Quelle est la commande que vous aimeriez vous voir confier?
YF. Nous aimerions investir davantage les problématiques de l’habitat au travers de mobiliers ou d’objets du quotidien.
SF. Nos intérieurs sont soumis à de multiples changements par les technologies qui les investissent, par les besoins qui évoluent et dont les conséquences sont de nouvelles problématiques à résoudre.

De votre point de vue, le métier de designer est-il enviable aujourd’hui?
SF. Du point de vue de l’éventail des domaines qu’aborde le Design, il est certain que nous sommes privilégiés. Chaque jour est l’occasion d’un nouvel apprentissage, d’une nouvelle remise en question et cela nous permet de nous sentir vivants.

Pour finir, un livre, un site Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous?
SF. “Objectified” est un film documentaire sur des projets concrets de Design, le passage de la matière brute à l’objet fini.
Il est construit autour des interviews intimistes de plusieurs Designers que l’on sent vraiment impliqués et passionnés.

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Quelques projets de l’agence Ilô Créatif:

Siège synchrones pour amphithéâtres (2e Prix TADI 2010).