Design pulp, introduction
Par Clément Gault.
Pulp Fiction est aujourd’hui un film bien connu, voire culte pour certains. Tarantino rend hommage à un genre littéraire en brossant le portrait caricatural d’une bande de gangsters de Los Angles. En tant que genre littéraire, le pulp regroupe le plus souvent des fictions emprunts de sensations et recouvre de nombreux genres, allant de la science-fiction au fantastique, en passant par des intrigues policières. De nombreux auteurs de SF devenus célèbres ont débuté leur carrière par des pulps (Isaac Asimov, Ray Bradbury, Franck Herbert, Philip K. Dick, etc.). En outre, le pulp ne désigne pas seulement un genre littéraire, c’est aussi un type de publication. Ce sont des livres ou des magazines vendus peu chers car imprimés sur du papier de piètre qualité (woodpulp) et à qui ils doivent leur nom. Très populaires jusque dans les années cinquante, les pulps ont aujourd’hui pratiquement disparus.
Photo de Terry McCombs.
Je pense qu’il existe une certaine équivalence concernant le design, une équivalence que l’on pourrait nommer design pulp. Comme la littérature pulp et ses genres définis, le design pulp s’établit exclusivement au travers de certains types d’objets. D’une certaine manière, ce sont les classiques historiques du design: le mobilier, les accessoires de cuisine ou autres gadgets du quotidien. Le design pulp est loin des autres préoccupations actuelles du design: la pensée de conception (design thinking), l’éco-conception, le co-design ou le design social n’ont ici pas lieu d’être. Néanmoins, lorsque qu’un projet de design pulp tente de lorgner vers ces nouveaux pendants de la profession, c’est à mon humble avis soit maladroit ou soit suspect. Nous verrons pour cela des exemples par la suite.
Tout comme la littérature pulp était le plus souvent fictive, le design pulp l’est aussi mais à sa manière. Ses productions sont le plus souvent des projets qui ne seront pas produits (comme beaucoup de projet de design j’en conviens) mais qui trouvent pourtant un certain écho médiatique. En cela, ce sont véritablement des projets fictifs qui restent à l’état de rendu 3D ou de maquette. Parfois, certains d’entre eux sont fabriqués et vendus mais ils restent anecdotiques à l’image historique ou à l’impact sociétal du design et de la production industrielle.
Si la popularité des magazines pulp passait par un prix attractif et un type particulier de publication, le design pulp se qualifie également par des moyens des publications qui lui sont propres. Le design pulp est un des thèmes principaux de nombreuses publications particulièrement populaires, blog et magazines et tête, traitant de manière large les tendances, la décoration ou la high tech. De fait, la représentation médiatique du design pulp est je pense inversement proportionnelle a son importance culturelle sur le long terme. Le design pulp est avant tout une affaire de mode ou de tendance. Certains designers, studios de design ou maisons d’édition sont véritablement spécialisés dans ce genre d’objet.
En définitif, le design pulp rassemble tous les objets ou les projets de design qui marquent culturellement une époque mais qui ne resteront pas pour autant dans les annales. Ils sont populaires dans le présent mais seront oubliés dans l’avenir. De manière concise, le design pulp s’évertue à donner forme à un objet du quotidien au travers d’une référence culturelle populaire ciblée, à la fois forte et facilement assimilable. Par exemple, les éléments de la culture geek sont actuellement une source d’inspiration pour le design pulp. Je ne saurais en expliquer les raisons mais les faits sont là: geek c’est branché. Pourtant, geek il y a 10 ans (pour ceux qui connaissaient le terme) était plutôt une insulte.
Je montrerais dans les jours à venir les ressorts caractéristiques de ce que j’entends par design pulp:
- La nostalgie ou l’ancrage à la jeunesse passée.
- La recherche du décalage ou la ringardise assumée.
- L’effet recherché par la provocation.
- Le air design (un peu en marge mais tout à fait intéressant).
- Et pour finir, une petite synthèse expliquant les limites du design pulp.
Cet article est également paru sur le blog de Clément Gault: designetrecherche.org
le 2 juin 2011 à 8 h 19 min
On attend avec impatience les exemples. Il ya fort à parier cependant que ce ne sera pas consensuel.
le 2 juin 2011 à 9 h 37 min
Passer des heures, sa vie…à la pensée de » projets qui ne se réaliseront pas »! Ne voilà-t-il pas un sujet spirituel, intelligent, consensuel et sans risques ( en dehors du ridicule)?
Ne pas avoir de but ne serait-il pas le graal à atteindre? Il fut une époque quand toute une vie était nécessaire pour atteindre » l’essence spirituelle ». Mais la modernité de nos écoles, de nos chercheurs, c’est d’atteindre le vide, le rien, dès le début. Que c’est beau la connerie divine et prétentieuse!
Et ainsi nos étudiants spécialisés dans la déclinaison du vide pourront créer une complicité très satisfaite, condescendante et bêlantes avec les archéoprofesseurs de la BD, illustration, graphisme et autres typo.
Etre ou ne pas être? Voilà une question dépassée. La poser, c’est « être ». Voilà quelque chose d’incorrect! Nous avons dépassé ce questionnement. Ce questionnement n’est-il pas trop vulgaire? Trop agressif? Ne pas être est la réponse.
Choisir, n’est-ce pas se priver de possibles? Supprimons le concept de réponse, nous n’aurons plus de problème avec les questions.