Interview: Laurent Massaloux
Juste avant de marquer une pause estivale de quelques semaines, nous sommes heureux de vous présenter l’échange que nous avons eu avec Laurent Massaloux, designer diplômé de l’Ensci, et ancien membre du collectif RADI Designers.
–
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel?
Je suis diplômé de L’ENSCI – Les Ateliers, école dans laquelle j’ai fondé, avec Olivier Sidet, Robert Stadler, Florence Doléac et Claudio Colucci, le groupe RADI Designers (en 1992). Ce collectif a perduré jusqu’en 2009, avec des projets à la fois tournés vers le design industriel (Moulinex, Air France…) et vers des recherches plus plastiques (Galerie Perrotin, Fondation Cartier,…). J’ai aussi collaboré un moment au sein du TimThom, le département de design de Thomson Multimedia, sous la direction de Philippe Starck. Depuis deux ans, je me consacre exclusivement à mon travail personnel. J’ai, par exemple, exposé récemment mes derniers projets à la Galerie Tools. J’enseigne par ailleurs à l’ENSCI, où j’ai créé l’Atelier Expérimentations Domestiquées.
Sur quel(s) sujet(s) travaillez-vous en ce moment?
Je viens de terminer une étude concernant du mobilier intégrant des dispositifs sonores. Une sorte de salon de musique dédié à l’écoute d’archives audio. C’est un travail qui fait suite à l’Audiolab 3. Et je débute actuellement une recherche autour du design génératif, et comment il peut se croiser avec des pratiques plus artisanales. C’est un domaine qui me passionne.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce qu’est le design “génératif”?
On pourrait dire que c’est la manière de générer des formes à partir de programmes, d’algorithmes. Avec le programme « processing » par exemple. On donne un ensemble de contraintes, et le programme propose différentes possibilités formelles.
Combien de personnes compte votre agence?
Après une collaboration très dense où nous étions plusieurs, je travaille désormais plutôt seul depuis deux ans. J’avais besoin de me recentrer sur mes propres envies. Mais bien sûr, je fais appel à d’autres personnes dès que mes compétences trouvent leurs limites.
Quelle est votre méthode de travail habituelle?
En général, mon exploration passe souvent par la trilogie classique: dessin – maquette – modélisation. Il est vrai qu’il y a certains projets récents que je mène exclusivement à l’aide de l’informatique. Mais le dessin est toujours présent, des fois comme simple soupape, ou comme objet de divagation.
Fréquentez-vous les blogs et sites Internet consacrés au design, et si oui lesquels?
Il y a une petite dizaine de blogs que je suis régulièrement. Cela va de la gastronomie, à l’art contemporain, en passant par la musique, sans oublier le design bien sûr (dont le vôtre…).
Y a-t-il un ou plusieurs designers, ou créateurs, qui vous inspirent au quotidien?
Ne le prenez pas pour une posture, mais mon inspiration ne vient pas directement du design. L’univers des sciences, des techniques et l’art contemporain sont pour moi plus stimulants, plus riches. Pendant longtemps, j’étais abonné à la fois à Art Press et à Pour la Science. Plutôt donc des intérêts périphériques à ma pratique professionnelle. Mais pour répondre strictement à votre question, je pourrais dire les Eames, Munari, …
S’il y avait une chose à changer dans le design?
Dans le design, je ne sais pas. Mais si l’on pouvait changer le comportement des entreprises… Dans le sens où il y a toujours une frilosité (certainement due à une méconnaissance) à faire appel à des designers. Et d’autre part, changer la place que le design pourrait tenir au sein de ces entreprises, notamment en l’amenant à un niveau plus stratégique.
Quelle est la commande que vous aimeriez vous voir confier?
Je n’ai encore jamais eu de projets dans le domaine de l’édition grand public (avec des entreprises telles que Roset, Flos, Kartell…). Sait-on jamais? Sinon, je suis toujours partant pour travailler dans le domaine de la recherche, sur des projets mettant en relation directe des designers avec des chercheurs ou des scientifiques.
De votre point de vue, le métier de designer est-il enviable aujourd’hui?
La situation du designer m’a toujours paru très enviable, dans le sens où je travaille souvent dans des situations différentes et distinctes. La curiosité est un énorme moteur pour moi. Durant toute ma carrière, j’ai pu ainsi collaborer avec des pâtissiers, des ornithologues, des ingénieurs du son, des architectes, des artistes… Bref, un métier généraliste qui s’entoure de spécialistes.
Pour finir, un livre, un site Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous?
Oui, après quelques mois d’absence, je viens de retrouver dans les kiosques Le Tigre, une excellente revue, atypique et mordante. Sinon il y a aussi le dernier opus graphique de Ruppert et Mulot: Le Royaume. Une sorte de voyage absurde dans l’au-delà…
–
Quelques projets de Laurent Massaloux:
Curiosité, 2009. Réceptacle. Dimension: 43x34x23 cm. Matériaux: stéréolithographie, plumes teintes. Edition: Tools Galerie, édition limitée. Crédit photographique: Véronique Huyghe.
ExoLight, 2003. Lampe. Matériaux: structure métallique, polycarbonate, peinture fluorescente, ampoule 40 watts. Dimensions: h 31.5 cm x Ø 31.5 cm. Edition: Tools Galerie limitée à 250 ex. Collection: FNAC (Fond National d’Art Contemporain), Puteaux. Crédit photographique: Laurent Massaloux.
ExoFly, 2006. Suspension. Dimensions: 100x70x40 cm. Matériaux: Structure acier, peinture époxy, polycarbonate, cinq ampoules de 40W. Edition: Tools Galerie. 30 exemplaires rose ou orange.
VanityTidy, 2006. Vide-poche. Dimensions: ø24×8 cm. Matériaux: Résine translucide brune stéréolithographiée. Edition: Tools Galerie. 8 exemplaires. 2 épreuves d’artiste. 1 prototype.. Crédit photographique: Daniel Schweizer. Collection: FNAC (Fond National d’Art Contemporain), Puteaux.
WhiteShadow, 2010. Boites Murales. 3 modules de 2 boîtes. Aluminium laqué blanc, sycomore vernis mat et laqué blanc, laque fluorescente orange. Dimensions (LxHxP) S: 104x49x28 cm – M: 88x90x28 cm – L: 109x68x28 cm. Edition ToolsGalerie de 8 ex +2EA + 1 prototype pour chaque module.
Leaves D, 2010. Suspension. 4 feuilles d’aluminium mises en forme par pliage, vernis transparent coloré et laque blanche, équipement électrique fluo, diffuseur. Couleurs: bleu ou vert. Dimensions (LxlxH): 166x51x36 cm. Edition ToolsGalerie de 8 ex +2EA + 1 prototype.
Wiper, 2010. Miroir, gravure “filets de Versailles”. Dimensions (Lxl): 114×57 cm. Edition ToolsGalerie de 8 ex +2EA + 1 prototype.
Pour en savoir plus: www.massaloux.net
>>> Voir nos autres interviews