Interview : Joran Briand
Nous interviewons aujourd’hui le designer Joran Briand qui a fondé sont propre studio en 2011, rejoint par Arnaud Berthereau en 2016. Le studio travaille dans le domaine du design objet, de l’architecture intérieure, de la scénographie, du design graphique et de la signalétique. Sa philosophie tient en quelques mots : faire le maximum avec le minimum. Rencontre :
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel?
Je suis né en Bretagne sud. Après mon Baccalauréat je suis monté sur Paris pour poursuivre mes études. J’ai intégré l’ENSAAMA en section design industriel. Après mon BTS en 2004 j’ai poursuivis ma formation à l’ENSAD en section design objet. En terme d’expériences professionnelles j’ai fais mes armes chez Robert Stadler, Noé Duchaufour et chez Boomdesign à New York.
Sur quel(s) sujet(s) travaillez-vous en ce moment?
Nous travaillons sur une façade en aluminium extrudée qui habillera le retail park Steel à Saint-Etienne sur une surface de 30 000 m2. Nous allons livrer cet été le Pôle design du Technocentre Renault à Guyancourt, 27 000m2 de bureaux où nous avons conçu le mobilier bureaux et la signalétique. Nous développons une enseigne lumineuse en béton lumineux pour les Galeries Lafayettes et nous collaborons avec l’agence Sou Fujimoto pour réaliser la signalétique de la nouvelle école Polytechnique à Saclay.
Combien de personnes compte votre agence?
Actuellement à l’agence nous sommes quatre. Nous sommes un studio pluridisciplinaire composé d’un design graphiste, d’un architecte d’intérieur et de deux designers objet moi et mon associé Arnaud Berthereau.
Quelle est votre méthode de travail habituelle?
Nous n’avons pas une recette. On essai de se réinventer à chaque fois. Nous travaillons à l’agence sur différents niveaux d’échelles cela va de l’échelle de l’objet, jusqu’à l’échelle de l’architecture. Nous essayons d’avoir une approche transversale et de jouer sur les frontières du design graphique de l’objet et de l’espace. Nous avons pour habitude de dessiner, maquetter puis d’afficher en permanence l’évolution du travail. Nous nous partageons les projets selon nos compétences, mais tout le monde à une vision à 360° des sujets ce qui permet d’enrichir chaque proposition.
Fréquentez-vous les blogs et sites Internet consacrés au design, et si oui lesquels?
Non, depuis quelques années j’ai fais une croix sur le scroll de blogs sur le design. Je préfère me nourrir d’autres disciplines en parcourant des livres. Je suis encore quelqu’un du papier et j’aime passer mon temps dans les librairies du Palais de Tokyo et d’OFR. J’essai de pousser mes collaborateurs à faire de mêmes en leur demandant d’axer leurs recherches iconographiques antérieures aux années 80, afin de les motiver à se plonger dans les recherches et non de les survoler en déroulant une molette.
Y a-t- il un ou plusieurs designers, ou créateurs, qui vous inspirent au quotidien?
Il y a Antoine Boudin qui est un jeune designer basé à Hyères, il travaille avec les moyens du bord en utilisant les matériaux et les savoir-faire qu’il a autour e lui comme la canne de Provence. Edgar Flauw qui est un jeune diplômé des Beaux-art. Il utilise la mer comme moyen de production et de fabrication. Niels Guadgnin qui est un jeune plasticien basé entre paris et L’ile d’Oléron. J’aime son approche à la fois minimaliste et low-tech. Tous sont surfeurs et sont devenu des amis. Nous les avons mis à l’honneur dans le dernier livre West is the best France, car nous partageons avec eux certaines valeurs comme l’approche contextuelle et la Slow production. « West is the Best » c’est le point de fuite du studio, un projet auquel nous aimons tous participer. Tous les deux ans, nous partons à la rencontre d’artistes, de designers, d’artisans passionnés d’océan et de surf pour échanger sur cette source d’inspiration commune. Après chaque voyage, nous publions un livre, à mi-chemin entre mood et road book, ainsi qu’une collection d’objets réalisés en collaboration avec les protagonistes du livre pour partager cette expérience avec le plus grand nombre.
S’il y avait une chose à changer dans le design?
Concernant le design français, je ne dirai qu’un mot, le décentraliser !
Quelle est la commande que vous aimeriez vous voire confier?
Nous aimerions faire un hôtel en bord de mer. Un lieu accueillant en connexion avec son terroir et ses savoir-faire. Un lieu ou il fait bon vivre ayant pour doctrine « luxe calme et volupté », un lieu où on lâche prise pour mieux se recentrer. Nous aimerions avoir une démarche globale en dessinant l’ensemble, des assises aux espaces de vie en passant par le dessin de la vaisselle.
De votre point de vue, le métier de designer est-il enviable aujourd’hui?
Oui, plus que jamais avec l’évolution du travail et des moyens de production, le designer doit sans cesse réinventer sa façon de concevoir. Son adaptabilité en fait sa principale qualité.
Pour finir, un livre, un site Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous?
« Let my people Go Surfing » de Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia et « Barbarian Days A surfing life » de William Finnegam un Kerouac surfeur. Ces deux livres racontent comment la pratique du surf et être à l’écoute de ses envies d’aventure permettent de catalyser votre créativité quelle soit artistique ou entrepreneurial. Ces lectures m’ont aidé à franchir le pas.
Récemment j’ai acquis un atelier en Bretagne Sud au bord de l’eau pour y créer un atelier de recherche et une résidence artistique pour y accueillir la communauté West is the best.
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Quelques projets du Studio Joran Briand :
Tabouret Joa
Dessiné pour le pôle design du groupe Renault, JOA est un tabouret composé d’une galette en textile sertie par deux enveloppes symétriques en bois moulé. Ce coussin par sa composition et sa forme joviale offre une assise confortable. A la rencontre des deux coques, la découpe d’une poignée vient faciliter la prise en main.
Design d’éléments architecture / Clôture de Fresnes
Le mur d’enceinte de cette école primaire est composée de trois panneaux autoportants en béton fibré. Chacune de ces parties arbore un graphisme différent qui transforme cette clôture en une vaste fresque. Inspiré par les dessins des « cahiers de coloriage », le dessin est un entrelacs géométrique bouleversé par l’insertion de figures animales.
Design graphique de façade / CVAE PANTIN
Les contraintes pesant sur ce projet de déchetterie à Pantin étaient extrêmement fortes. Comment faire naître une histoire en mouvement en utilisant simplement la structure des murs et la signalétique ? Pour animer cet espace composé de quatre murs nous avons utilisé le calepinage des briques de céramique et de verre. En jouant sur la densité des damiers et les effets de relief et de volume, nous avons dessiné trois motifs de vagues entremêlées sur chaque face du bâtiment.
Tabouret Way
Le tabouret Way est composé d’une assise en latte de noyer massif et d’une structure en fil de métal. Son design découle d’une même forme générique, tantôt pleine pour l’assise, tantôt vide et devient contour pour le piétement. L’assemblage entre les deux parties simple et délicate laisse suggérer que les galettes sont en lévitations.
Ouvrage West Is The Best
Parce que la France est centralisée et que Paris est loin des côtes, certains créatifs ont développé une approche onirique voir romantique de la pratique du surf. Une tension entre deux points géographiques se dessine. Paris, lieu de leur discipline artistique et le littoral, lieu d’évasion créative, de contemplation et d’exotisme… Nous sommes partis rencontrer plusieurs créatifs (plasticien, photographe, designer, styliste, danseur…) dans leurs ateliers citadins et sur leurs spots favoris, afin de connaître le point de fuite où ils puisent leur inspiration. Par ce livre nous essayons de comprendre comment ils ont trouvé cet équilibre, entre création citadine et échappée maritime, sans pour autant se marginaliser.
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