[INTERVIEW] : Le designer Charles Kalpakian
Nous avons aujourd’hui le plaisir de poser quelques questions au designer Charles Kalpakian, fondateur de son propre studio en 2011 après avoir fait ses armes aux côtés de Christophe Pillet notamment. Un designer au travail sans cesse inspiré par ses racines franco-libanaises qui intervient tant pour de grands éditeurs de mobilier que dans des projets d’architecture d’intérieur ou des galeries. Rencontre :
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel?
Je suis né a Beyrouth et j’ai grandi à Paris. A l’issue de mon Bac Arts appliquée j’ai intégré un BTS design produit à Paris, j’ai eu l’opportunité d’être tout de suite en freelance pour divers clients. Mais c’est à l’agence de Christophe Pillet où je suis rentré dans le vif du sujet et qui m’a permis d’acquérir mon expérience professionnelle. Puis ma rencontre avec la galeriste de BSL m’a aidé à créer mon identité avant que je lance mon studio en 2011.
Sur quel(s) sujet(s) travaillez-vous en ce moment?
Je travail en ce moment sur divers projets. Un collectionneur privé m’a demandé récemment de dessiner plusieurs pièces uniques dont une bibliothèque, une échelle et un bureau pour son intérieur parisien, c’est un projet d’échange assez fructueux qui me permet d’explorer encore plus mes idées et de rencontrer sans cesse de nouveaux d’artisans. Un projet dans l’horlogerie est en cours d’aboutissement mais pour l’instant cela reste confidentiel. Nous travaillons avec Nemo sur un nouveau projet de lustre et continuons a étendre la gamme de luminaire 2TUBES. Pour rester dans le luminaire, je travail avec une entreprise spécialisée dans l’éclairage technique Loupi, basé à Pantin et avec qui je développe plusieurs projets industrielle. Récemment j’ai aussi collaboré avec une galerie de design à Beyrouth, Joy Mardini design Gallery dont on a inauguré une exposition personnelle en Avril dernier appelé « 6 degrees of separation « Mes pièces seront exposé a la première Beirut design Week qui aura lieu du 19 au 24 septembre 2017. Pour rester dans le mobilier, des nouveaux projets sont en cours avec la Galerie BSL, Collection Particulière et Christophe Delcourt.
Combien de personnes compte votre agence?
Je voyage beaucoup en ce moment, donc au studio en ce moment c’est assez variable, c’est entre 1 à 3 personnes. Je collabore souvent avec d’autre architectes et le studio photo Paris Se Quema avec qui je partage les locaux.
Quelle est votre méthode de travail habituelle?
J’adapte ma méthodologie pour chaque client et éditeur. Une période de rencontre et d’échange est nécessaire afin d’établir une bonne base pour l’aboutissement du projet. Le « coeur » de mon travail reste une approche des matières et des couleurs. Chaque projet à ses étapes de création et de fabrication qui faut respecter. Le but étant travailler sur des projets qui vont être réaliser quid à en avoir moins. Le design est une course fond, chaque projet va avoir une répercussion sur la suivante et donc sur la carrière. Sur certains projets j’échange beaucoup avec mes collaborateurs du moment. Chaque projet à son contexte dans lequel il évolue et il est important d’intégrer des références sociales et culturelles.
Fréquentez-vous les blogs et sites Internet consacrés au design, et si oui lesquels?
Une fois par mois je me perds dans les méandres des blogs qui est un puits sans fond dans tous les sens du terme. Mais les livres et les voyages sont les références et les aspirations de mes projets. Aujourd’hui plus que jamais, il faut s’isoler des « écrans numériques » afin de toujours réussir à surprendre l’oeil car aujourd’hui la création s’est beaucoup banalisé sur internet, entre inspirations et copies la frontière est devenu très mince.
Y a-t-il un ou plusieurs designers, ou créateurs, qui vous inspirent au quotidien?
J’ai eu la chance via les rencontres avec des éditeurs et expos de rencontrer plein de créateurs à travers le monde, ainsi j’ai tissé des liens forts avec certains dont je suis le travail. Je regarde aussi beaucoup ce qu’il se passe dans les écoles de design à travers le monde et leur évolution.
S’il y avait une chose à changer dans le design?
En France, un vrai statut.
Quelle est la commande que vous aimeriez vous voire confier?
J’aimerai réhabiliter un hôtel particulier pour pouvoir rencontrer et travailler avec une foule de corps de métiers différents.
De votre point de vue, le métier de designer est-il enviable aujourd’hui?
Plus que jamais, car aujourd’hui chaque designer peut travailler à sa manière, il n’y a plus de schéma type. Le design est partout et dans tous les pays. Néanmoins il se doit d’innover davantage.
Pour finir, un livre, un site Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous?Un documentaire que j’avais eu la chance de voir au Centre Pompidou il y a de cela quelques années « Il Capo » de Yuri Ancarani, un documentaire sur les carrières de marbre de Carrare qui raconte la relation entre l’homme et les blocs de marbres.
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Découvrez quelques réalisations de Charles Kalpakian présentées par ses soins :
Fauteuil Frank pour Haymann Editions
Toute récente création du jeune éditeur français Haymann Editions, ce joli fauteuil tricolore a été présenté au Salon du Meuble de Milan en avril 2017. Idéal pour les moments de lecture ou de détente en rentrant du travail, le fauteuil Franck de Haymann Editions est d’un grand confort de par sa forme, épousant parfaitement le corps, ses accoudoirs et son dossier en cuir. Élégant, le fauteuil Franck combine à la perfection trois matières haut de gamme : le chêne massif, le tissu et le cuir, formant un ensemble de couleurs chaudes visuellement très esthétique. Semblant être posé à même le sol, le fauteuil Franck revisite le fauteuil lounge dans un esprit contemporain plein de caractère et d’ingéniosité.
Projet de tabouret « Aztek » .
Commande pour un particulier d’un tabouret et d’un bout de canapé modulable à l’infini. Ils s’imbriquent afin moduler son espace. Ils s’inspirent des temple Aztèque et le rapport au mathématique.
Projet d’intérieur « Message » à Paris
Situé dans le quartier des ambassades au coeur de Paris, un collectionneur de street art m’a demandé de créer une collection de mobilier pour son appartement. Ensemble nous avons décidé de travailler un projet d’intérieur où les artistes peuvent s’exprimer et délivrer leur art, leur « message ».
J’ai donc créé une écriture dont seul le propriétaire peut en comprendre le sens, le « message » caché.Inspiré de l’écriture cunéiforme, chaque mobilier mélange des matières naturelles, brutes et précieuses, me permettant de jouer sur l’aspect visuel et fonctionnel.
L’élément principal de cette collection de chêne naturel, de métal et de laiton est une bibliothèque de 3×3.60m qui se dresse au coeur de la pièce principale le long d’un mur noir.
Une échelle, un escalier donnant accès à la mezzanine, une porte entre fresque mural et bas-relief et un cache radiateur jouant avec les pleins et les vides, viennent compléter la collection.
Chaque élément prend place au coeur de cet appartement tout en respectant le travail de chaque artiste et la nature architecturale de l’espace intérieur.
Si vous passez à Paris, venez découvrir ce lieu d’expression artistique ou dialoguent en secret le mobilier contemporain sur-mesure, l’architecture art déco et les oeuvres de street-art.
Projet de mobiliers « 6 degrés de séparation » exposition en avril 2017 à Beyrouth – Joy Mardini Design gallery
Dans Six Degrees of Separation, je suis parti de la théorie éponyme qui affirme qu’il y a toujours 6 personnes maximum entre soi et n’importe quel autre être humain sur terre. Une manière d’exprimer mon lien entre mes différentes origines et cultures, libanaise, arménienne et française, en envisageant des matériaux et couleurs de chacune de ses conceptions sous différents angles, perspectives et variations de lumière.