L’Objet en question(s): EPI-01, un appareil d’analyse LIBS par Tamim Daoudi
La rubrique “L’objet en question(s)” présente des portraits d’objet ou de séries d’objets, par leurs créateurs: l’histoire de leur genèse, leurs contraintes, leurs enjeux… Aujourd’hui, c’est le designer strasbourgeois Tamim Daoudi qui nous présente un projet de design industriel baptisé « EPI-01« . Prototypé par François Kormann, il s’agit d’un appareil d’analyse LIBS (Laser Breakdown Spectroscopy) développé par la société Epitopos. Le dispositif permet d’analyser les propriétés chimiques et physiques d’un matériau. Interview :
Pourriez-vous nous décrire votre projet en quelques mots?
EPI-01 est un appareil d’analyse utilisant la technologie LIBS (laser induced breakdown spectroscopy ou plasma induit par impulsion laser) permettant de focaliser un laser à la surface d’un matériau. La matière est alors vaporisée, les éléments chimiques constituant la matière sont « excités », et lors de leur retour à l’état d’équilibre, ces derniers émettent des photons de longueur d’onde spécifique. Cette lumière est ainsi observée à l’aide d’un spectromètre permettant de tracer un spectre d’intensité en fonction des longueurs d’onde. L’impact sur le matériau est quasi invisible à l’oeil nu (200 μm) et permet de vérifier la présence de tous les éléments chimiques du tableau périodique, y compris les éléments les plus légers comme l’hydrogène, le bore ou le lithium.
Le dispositif est utilisé principalement dans le secteur du patrimoine mais il sera prochainement déployé pour l’industrie minière car il peut détecter plus facilement et efficacement la présence de filons.
Comment ce projet vous a-t-il été confié?
J’avais un bureau chez un incubateur à Strasbourg, le Semia et j’ai rencontré la société Epitopos qui a des locaux dans ce même lieu. M. Fabrice Surma, PDG de la structure, était à la recherche d’un designer pour lui dessiner l’identité du produit ainsi que son ergonomie. Nous avons échangé sur les différentes contraintes et nous nous sommes lancé dans le projet.
Quels étaient, selon vous, les principales contraintes et les principaux enjeux de ce projet?
Dessiner un produit qui soit adapté à l’environnement du LIBS avec une identité forte et affirmée. Définir les parties préhensiles pour manipuler le produit sur le terrain. Dessiner les différentes trappes d’accès aux composants pour paramétrer l’appareil.
Quel était votre concept ou votre idée de départ?
La réflexion était portée sur le dessin des poignets ainsi que leurs intégrations sur le dispositif. Il fallait que les composants soient facilement accessible au moment de la manipulation et pendant l’entretien.
Il me paraissait évident de mettre en avant les optiques, la zone de tir laser ainsi que les connectiques à l’arrière de l’appareil. Le design de l’ensemble devait intégrer ces différentes approches.
Pourquoi le projet a-t-il, au final, cette forme et ce ou ces matériaux?
Le designer doit pouvoir interpréter les souhaits et vision du client et de son marché. En discutant avec M. Surma on a beaucoup abordé la volonté de la société Epitopos de développer son expertise en direction de l’industrie minière et de là nous avons beaucoup discuté de minéraux, de la roche avec ses aspects bruts taillés. J’ai fais plusieurs proposition dans ce sens qui nous ont mené à dessiner le produit tel qu’il est. Par ailleurs le projet a été dessiné à l’intérieur avec une logique fonctionnelle et esthétique. En effet les renforts sont constitués d’une série de pentagones répétés permettant de renforcé la coque, un travail mené par mon complice prototypiste M. François KORMANN dirigeant de la structure ATTA-02. Nous retrouvons les parties transparentes en PMMA orange qui mettent en avant les aspects essentiels du dispositif cités précédemment.
Pour les matériaux nous avons décider d’utiliser le frittage de poudre PA 12 avec une teinte grise. Etant un exemplaire unique nous avons opté pour l’impression 3D qui était la solution la plus évidente.
Qui étaient vos interlocuteurs chez votre client, et avec qui avez-vous du collaborer?
Nous avons travaillé avec M. Fabrice SURMA dirigeant d’Epitopos et deux de ses employés qui nous ont apportés leurs lumières concernant le dispositif. M. François KORMANN pour la faisabilité technique et le prototypage. Protolabs pour la production de la coque.
Au total, combien de personnes ont travaillé sur ce projet?
5 partenaires au total.
Quelles sont les difficultés que vous avez éventuellement rencontrées sur ce projet, et comment les avez-vous contournées?
Il a fallu rationaliser au maximum les espaces pour éviter les vides inutiles et de déplacer certains composants pour les replacer de façon à ce qu’ils soient plus pratiques à l’utilisation. C’est un travail minutieux car il faut veiller à ce que la coque extérieur n’interfère pas avec les composants internes ce qui amènerai à ne pas pouvoir fixer le carénage de l’appareil sur sa plateforme. pour éviter ces ennuis C’est vérifier, revérifier et revérifier encore les fichiers et plans.
Sur combien de temps s’est déroulé ce projet?
10 mois au total.
Rétrospectivement, changeriez-vous aujourd’hui quelque chose à votre projet?
Pour avoir fais tout les aller retours et itérations nécessaires je ne pense pas qu’il faille changer quoique se soit au projet. Je ferais la même chose si c’était à recommencer.
Et pour finir, où en est ce projet?
Le projet est actuellement opérationnel. il a reçu une dotation financière #TangoScan délivrée par l’assocation CREACCRO / soutenu par la la Ville de Strasbourg. L’Objectif à venir est de développer des versions plus compactes.
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Photographies : © Hello Jack
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