L’Objet en question(s):Le pavé parisien, une enceinte Bluetooth en béton
La rubrique “L’objet en question(s)” présente des portraits d’objet ou de séries d’objets, par leurs créateurs: l’histoire de leur genèse, leurs contraintes, leurs enjeux… Aujourd’hui c’est le designer Guillaume Gourdin qui nous présente « le pavé parisien », une étonnante enceinte Bluetooth qui se matérialise comme un petit cube de béton. Interview :
Pourriez-vous vous présenter ?
J’ai une formation d’ingénieur structure et matériaux aéronautique. Après trois ans passés à concevoir des moteurs d’avions en bureau d’études, j’ai décidé d’intégrer le projet du Pavé afin d’avoir en charge la totalité de la conception du produit et donner une nouvelle orientation à son approche du design. A la fois plus créative et plus artisanale. Aujourd’hui je suis responsable du design et de la production du Pavé.
Pourriez-vous nous décrire votre projet en quelques mots?
A l’origine, il y a l’envie de réaliser un projet imaginé il y a des décennies par Pierre Schaeffer. [Pierre Schaeffer] était un ingénieur français connu pour son travail sur l’amélioration des performances acoustiques. Son idée était qu’en utilisant une matière très résistante dans la structure d’une enceinte, on pouvait sensiblement enrichir la perception aux ondes sonores. Seulement à l’époque, les matériaux étaient limités et coutaient cher. Aujourd’hui, les progrès effectués sur certains matériaux permettent de repenser leur utilisation et c’est pourquoi nous avons créé l’enceinte Le Pavé.
Comment ce projet vous a-t-il été confié?
La démarche vient du fondateur de la startup Pierre-Axel Izérable. Après avoir réalisé des premiers prototypes d’enceintes en béton dans le cadre d’un spectacle en plein air pour la compagnie Suisse de théâtre antique STOA, et compte tenu de leur succès, l’idée est rapidement venue de développer un produit plus petit et accessible à tous utilisant le même principe.
Quels étaient, selon vous, les principales contraintes et les principaux enjeux de ce projet?
Le principal enjeu ici a été de concevoir une enceinte de taille vraiment plus réduite qui embarque de la technologie Bluetooth, une batterie et qui fournisse un son qui garantisse toujours cette authenticité fidèle. Cela a demandé beaucoup de travail qui a d’ailleurs été récompensé par le Janus du design intégré de L’institut Français du Design. Le second enjeu a été de vouloir que la fabrication soit 100% française. Aujourd’hui les enceintes sont toutes réalisées dans notre atelier à Paris, ce dont nous sommes très fiers, mais cela implique aussi des contraintes économiques plus fortes car produire en France coûte cher.
Quel était votre concept ou votre idée de départ?
Le concept initial était de réaliser une enceinte portable où le fond serait aussi puissant que la forme. Pour le fond, avec l’usage du béton comme caisson acoustique, nous savions que nous avions de solides atouts. Pour la forme, il a fallu du temps pour arriver à cette simplicité car derrière elle se cache beaucoup de complication. C’est un peu comme une montre, on ne voit que le cadran mais derrière, il y a un mécanisme complexe.
Pourquoi le projet a-t-il, au final, cette forme et ce ou ces matériaux?
Le matériau est au cœur du projet car le béton offre des propriétés uniques de résistance et permet une meilleure restitution des ondes. La forme est venue avec la volonté de remettre la fonction et l’ergonomie au cœur de l’objet. Notre enceinte Le Pavé à une forme cubique ce qui lui permet d’être facilement insérable dans le mobilier, comme sur des étagères par exemple. Une grosse influence pour le design nous est venue de l’approche Bauhaus et du minimalisme japonais.
Qui étaient vos interlocuteurs chez votre client, et avec qui avez-vous du collaborer?
Nous sommes finalement parvenus à réunir toutes les capacités de conception et de production en interne. Nous avons échangé avec de nombreux designer, notamment Wandrille Heusse et STORM Studio. Pour le béton, nous avons choisi de travailler avec l’entreprise VICAT car son histoire en en phase avec nos valeurs. En ce qui concerne le haut-parleur, nous avons fait appel à Audax qui est un acteur français historique de l’industrie audio. Nous travaillons aussi avec DIFFUSEX pour les pièces en métal de l’ensemble de l’enceinte. Au total, combien de personnes ont travaillé sur ce projet? Une trentaine de personnes ont collaboré autour du projet et ont directement rendu ce projet possible.
Quelles sont les difficultés que vous avez éventuellement rencontrées sur ce projet, et comment les avez-vous contournées?
On a rencontré beaucoup de difficultés, mais les plus dures ont été les difficultés liées à la conception. Nous sommes partis à peu de choses près d’une page blanche; il a fallu créer des moules, faire beaucoup d’essais avec les caissons en béton pour obtenir la bonne résistance mais aussi le bon poids. Pour les contourner ces difficultés, nous avons eu deux approches: demander conseil à des experts dans leur domaine et regarder comment d’autres entreprises réalisant des objets ont fait pour contourner des obstacles.
Sur combien de temps s’est déroulé ce projet?
Ce projet a pris deux ans de réalisation. Il fallu d’abord valider le concept, itérer plusieurs versions et trouver les bons partenaires pour rendre la production réaliste. Le produit a largement séduit lorsqu’il a vu le jour. Nous travaillons maintenant à sa diffusion car c’est une nécessité pour que l’entreprise prenne son envole.
Rétrospectivement, changeriez-vous aujourd’hui quelque chose à votre projet?
C’est très difficile de répondre à cette question… A choisir, toujours choisir le plus simple comme ligne directrice.
Et pour finir, où en est ce projet?
Nous voulons aujourd’hui continuer sur notre lancée et développer de nouvelles enceintes avec des formats différents tout en gardant la même exigence sur les qualités acoustiques. Pour cela nous devons désormais développer notre image de marque et nos capacités commerciales.
Pour découvrir plus de travaux du pavé parisien, visitez son site internet.
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