Le manifeste du faire – Design making : un nouveau modèle économique pour passer « de l’idée au marché »
A l’occasion de la sortie de l’ouvrage Le manifeste du faire – Design making : un nouveau modèle économique pour passer « de l’idée au marché » aux éditions FYP, nous échangeons quelques mots avec son auteur : Christophe Chaptal de Chanteloup.
Vous venez de sortir, aux éditions FYP, un ouvrage intitulé Le manifeste du faire — Design making : un nouveau modèle économique pour passer de l’idée au marché. En premier lieu, pourriez-vous nous décrire ce que vous appelez le « design making » ?
Je voudrais préalablement revenir sur deux constats :
- l’écosystème est devenu un standard de réponse aux besoins ;
- tout concourt aujourd’hui à « faire », c’est-à-dire à lier les étapes de conception et de production.
D’autre part, il est important de préciser que « faire » dans un contexte d’écosystème ne consiste pas à concevoir un « simple » bien ou service, mais consiste plutôt à imaginer et produire une solution globale. Dans ces conditions, il est nécessaire de disposer d’un modèle économique, puisque lui seul pourra permettre de définir la nature, la structure ainsi que la logique de fonctionnement de cette solution globale.
L’objet du design making est donc de permettre de construire des modèles économiques destinés aux écosystèmes, en intégrant l’approche du « faire » et en prenant en compte certaines valeurs collaboratives, trop souvent manquantes dans les modèles actuels.
Autrement dit, le design making est à la fois :
- une philosophie : élaborer les modèles économiques des écosystèmes, dans le respect de certaines valeurs ;
- un principe d’action : toujours confronter ces modèles à la réalité, c’est-à-dire passer de l’idée au marché.
A qui est destiné votre ouvrage ? L’ouvrage propose un business model inédit qui permet de passer « de l’idée au marché ». C’est, par conséquent, un mode d’emploi que chacun — dirigeants, entrepreneurs, designers, start-ups, créateurs de services, PME, etc. — peut mettre en pratique.
Quels sont les « écosystèmes » dont vous livrez une analyse critique dans la première partie de votre ouvrage ?
Je définis un écosystème comme étant un environnement caractérisé, notamment, par des données géographiques, politiques, sociales, culturelles , technologiques et économiques, dans lequel des acteurs, reliés entre eux par un but commun, trouvent des réponses à leurs besoins, le tout dans une certaine logique et avec certains moyens de fonctionnement. Autant dire que les écosystèmes sont nombreux !
Dans un souci de simplification, je propose deux types de modèles génériques d’écosystèmes :
- l’écosystème centré sur le processus, qui est un modèle économique où la solidité et la performance du processus priment afin d’obéir à des règles ou façons de faire précises, cadrées, voire contraignantes et où c’est à l’individu de s’adapter : on retrouvera ce type de modèle, par exemple, lorsqu’il s’agit de travailler dans une optique projet, avec des intervenants, des moyens, des tâches et des jalons déterminés (dans le but de respecter le tryptique qualité, coût et délai), mais aussi là où les aspects liés à la réglementation ou à la sécurité sont à la base de la confiance entre les différents acteurs (banques en ligne, certains sites de e-commerce, etc.) ;
- l’écosystème centré sur l’individu, que l’on retrouvera là où le client ou l’utilisateur est au centre des attentions, où la valeur de l’idée prime et où la contribution d’un individu ou d’un groupe d’individus est essentielle — plateformes de mises en relation, logiciels libres, fab labs, etc.
Pourriez-vous en quelques mots nous expliquer ce que vous définissez comme le slogan du design maker: « Éthique, richesse et progrès » ?
Le design maker, être éminemment sympathique, peut légitimement se revendiquer comme spécialiste du modèle économique des écosystèmes :
- il observe les écosystèmes et ses modèles économiques ;
- il optimise les modèles économiques existants, ou en élabore de nouveaux ;
- il confronte ces modèles à la réalité, c’est-à-dire qu’il passe de l’idée au marché.
De surcroît, le design maker baigne dans une culture collaborative et par conséquent :
- il est attentif aux valeurs qui sous-tendent le fonctionnement des écosystèmes — l’éthique ;
- il se montre à la fois ingénieux et vigilant sur la façon dont sont générés les revenus des univers des écosystèmes ainsi que sur l’emploi qui en est fait — la richesse ;
- il considère que les écosystèmes doivent constituer un facteur général d’évolution positive — le progrès.
On pourrait définir le design maker comme l’humaniste du modèle économique !
Pour finir, quel est pour vous le rôle des designers dans la nouvelle économie que vous décrivez ?
Le designer passe de la conception de biens ou de services à la conception d’écosystèmes, en définissant de façon honnête, profitable et dynamique les rapports entre chacune des parties prenantes, ainsi que leurs environnements. Disons que le designer sera de plus en plus un concepteur de modèles économiques d’écosystèmes.
Le manifeste du faire : un nouveau modèle économique pour passer « de l’idée au marché »
Editions FYP.
112 pages, 12 euros.
ISBN : 978-2-36405-135-5
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Christophe Chaptal de Chanteloup (www.cca-consulting.fr) a été successivement fondateur et dirigeant de l’agence de design industriel Design Service, directeur associé du cabinet de conseil Arion, directeur marketing stratégique au sein du groupe Seb, directeur marketing, style et communication de Peugeot Scooters, puis chargé de missions d’organisation chez Automobiles Peugeot. Il enseigne régulièrement en master sur la thématique du design management (Sciences Po Paris, ICN). Il a reçu différents prix en matière de marketing et de design, notamment: le Janus de l’industrie, l’Observeur du Design, le Motorcycle Design Award, le Prix Stratégies…