Interview : Alexandre Echasseriau
Nous interviewons aujourd’hui Alexandre Echasseriau, jeune designer qui a effectué ses formations à l’école Boulle puis à l’ENSCI-Les Ateliers. Depuis il multiplie les projets, et a notamment remporté les Audi Talent Award en 2014 dans la catégorie Design.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel?
J’ai passé un Bac Es à Toulouse, puis une mise à niveau Arts Appliqués au Lycée Pro Saliège dans une ville voisine. Cette Manaa m’a fait découvrir les écoles d’art parisiennes et notamment l’Ecole Boulle où j’ai passé 3 ans à me former au Tournage Ornementale et à de nombreuses techniques liées aux métaux. Enfin, j’ai été guidé vers l’ensci par mes professeurs, école que j’intègre pour 5 ans et en sors diplômé félicité en 2013. Depuis, je travaille en indépendant sur des projets très variés, du produit pour de grands groupes à la réalisation de prototype pour mes comparses designers en passant par mes traditionnels cirques miniatures pour des centres de recherches.
Sur quel(s) sujet(s) travaillez-vous en ce moment?
Ce mois-ci je travaille sur de nombreux sujets en même temps, je viens de livrer le concours Hermès dont le thème était « Jouer ». Je participe à une exposition pour l’institut Pasteur pour lequel je crée des objets qui parlent de leurs approches scientifiques, de leur méthode d’observation. Je travaille également avec le CNRS sur une expo miniature sur la physique quantique. J’ai pris en charge la réalisation des nouveaux trophées Audi Talents Awards 2016 dessiné par Isabelle Daeron. Enfin, j’accompagne techniquement des boulots de prototypage d’amis designers dans mon atelier du Vexin (parquet, tables en bois).
Combien de personnes compte votre agence?
Je travaille seul, j’ai de nombreuses demandes de stage mais ne prend presque jamais personne car je souhaite garder une grande liberté de mouvement.
Quelle est votre méthode de travail habituelle?
Toutes mes missions ou collaborations commencent par une rencontre physique avec mon client, un état des lieux des possibles, en terme de parc machines, de technologie, de moyen technique et surtout humain. Ensuite, je suis assez attaché à rendre mes idées compréhensibles sous forme de rendus 3D, j’esquisse peu à la main, et attaque assez vite mes recherches formelles en 3D car je trouve que le fait de modéliser un objet/ un système, permet de pointer des dizaines de détails techniques qui aurait échappé à coup sûr au dessin à la main. Un logiciel comme Rhino permet par ailleurs, une grande liberté formelle et permet de gérer mes outils d’usinage directement (ma fraiseuse numérique notamment). Enfin, j’imprime ou maquette toujours moi-même mes protos.
Fréquentez-vous les blogs et sites Internet consacrés au design, et si oui lesquels?
Oui, je suis un lecteur assidus de Dezeen, Daily Tonic, j’aimais MocoLoco avant leur nouvelle formule de site que je trouve allégé en contenu et malheureusement en qualité. Dans les blogs, j’aime bien blog esprit design et dans un registre plus arti, la boite verte.
Y a-t-il un ou plusieurs designers, ou créateurs, qui vous inspirent au quotidien?
Konstantin Grcic pour ce qu’il propose en terme de décalage, d’humour et d’audace formelle. Normal Studio est également une référence pour moi pour leur capacité à générer de la modernité tout en respectant un patrimoine industriel et artisanal. Enfin récemment, j’ai aimé les travaux présentés aux Arts Déco sur le design coréen.
S’il y avait une chose à changer dans le design?
La consanguinité, je reproche au design tel qu’il est montré aujourd’hui, dans les salons et les magazines, de ne parler qu’aux initiés et de ne pas prendre suffisamment de risque. Les typologies d’objets ne varient pas assez à mon goût, et on réserve à la jeunesse ou aux étudiants les projets à risque (j’entends « à risque » des projets de recherches sur une techno ou bien façon de requestionner nos usages). Je trouve que c’est parfois un monde qui manque d’idées.
Quelle est la commande que vous aimeriez vous voire confier?
Une collaboration avec un fabricant de mobylette français afin de repenser complètement le mouvement en deux roues aujourd’hui (dans un esprit des petites motos japonaises très fonctionnelle et robuste des années 80).
De votre point de vue, le métier de designer est-il enviable aujourd’hui?
Oui bien-sûr, si on s’intéresse à d’autre chose qu’au design d’édition et la jolie forme, on peut envisager de gagner sa vie.
Pour finir, un livre, un site Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous?
Je fais le plus souvent possible la publicité du musée de la chasse à Paris, qui contre toute attente propose toujours une sélection très pointue dans un lieu assez hors norme.
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Quelques projets d’Alexandre Echasseriau :
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