Interview : Studio Désormeaux / Carette
Nous interviewons aujourd’hui le studio Désormeaux / Carette, un jeune duo de designers sélectionné pour les Talents à la Carte du prochain Salon Maison & Objet.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel?
Nous sommes de formation designer industriel et nous tenons à ce titre. Notre travail s’inscrit dans une démarche de collaboration avec industriels de différentes tailles, mais notre production a toujours pour vocation d’être reproductible. Au-delà de cette approche design industriel, nous avons travaillé dans différents studio de design de signature a Londres. Cela nous a beaucoup appris sur le domaine du mobilier ou de la décoration. Mais cela nous a permis de vraiment comprendre les enjeux d’un designer auteur mais aussi plus globalement de comprendre l’importance des connaissances en suivie et techniques de production.
Sur quel(s) sujet(s) travaillez-vous en ce moment?
Le studio prend doucement en maturité et les sujets sont de plus en plus nombreux. Globalement le studio travaille selon 4 approches :
-L’Edition de mobilier dans son schéma le plus classique : nous sommes sollicités et nous sollicitons des fabricants distributeur de meuble pour qui nous dessinons des pièces de mobilier : chaises, canapé accessoires.
- Nous accompagnons des industriels ou des petites entreprises dans le développement de nouvelles gammes d’objets. Cette accompagnement va de la refonte du design d’un produit existant à de la direction artistique plus globale.
- Des projets complètement portés par le studio. Cette année nous portons un projet à l’industrialisation puis sur le marché nous-même. Il s’agit d’une trottinette dont tout l’aspect a été pensé par le prisme du design. Le projet est en cours de développement et un kickstarter est prévus pour la rentrée (fin septembre).
- En parallèle on intervient de plus en plus sur des domaines qui sortent de l’objet. Notamment de la décoration d’intérieur et l’aménagement d’espace commerciaux.
Combien de personnes compte votre agence?
Le cœur du studio c’est nous deux. On aime parfois avoir un stagiaire, c’est toujours l’occasion d’avoir un regard neuf sur notre travail, et on aime partager la passion de notre métier. Apres selon les projets, l’équipe peut aussi s’agrandir ponctuellement. Sur le projet de trottinette, nous nous sommes associés d’un troisième compère qui est plus d’obédience finance et marchés, on est ravis de confronter notre approche à la sienne même si c’est parfois difficile d’aboutir sur des décisions.
Quelle est votre méthode de travail habituelle?
Au cœur de notre démarche créative, la rencontre de deux univers : une passion pour les matériaux et l’écriture poétique, à la recherche d’une narration de l’objet. La transformation de la matière en objet usuel est notre terrain de recherche favori. L’envie de challenger les matériaux et les procédés industriels sont nos points de départ. Nous déconstruisons l’objet afin de trouver les meilleurs moyens, la meilleure technique, le matériau idéal pour enfin le recomposer dans une traduction juste et innovante. On parle alors d’architecture de l’objet. Au-delà de cette approche « engineering », nous voulons donner du sens à nos créations dans une narration où les inspirations et les intentions sont mises en forme par le dessin. Notre design se raconte de lui-même et permet la discussion entre des univers et des espaces à priori inconciliables à l’instar de la Knot Chair qui met en valeur la stabilité par le déséquilibre, ou de la lampe Dita qui consacre la rencontre du vêtement et de l’objet.
Fréquentez-vous les blogs et sites Internet consacrés au design, et si oui lesquels?
Assez peu, on l’a beaucoup fait quand ont été étudiant et ça nous a beaucoup aidé a nous faire une culture visuelle. Maintenant on essaye de se libérer de cette dépendance au blog qui ont plus souvent tendance à influencer qu’à inspirer. Nous cherchons plus des références dans d’autre domaine que le design, tel que l’art, les avancées scientifiques, la photographie ou encore l’architecture qui laisse plus part à l’interprétation. On essaye petit à petit à affiner notre propre langage.
Y a-t-il un ou plusieurs designers, ou créateurs, qui vous inspirent au quotidien?
Nous avons des goûts très éclectiques, cela va de designers incontournables de l’Histoire du design aux équipes intégrées de certaines grandes marques industrielles. De manière générale, nous apprécions les designers qui se confrontent aux véritables enjeux industriels et proposent de réelles réponses aux problématiques d’usage.
S’il y avait une chose à changer dans le design?
Sa place dans les entreprises. Le design doit absolument devenir une des postes clé des entreprises de demain. Aujourd’hui les entreprises ont ou du marketing ou l’ingénierie au lead. Mais le marketing parle des marchés et l’ingénierie parle de la technique. Nous les designers, on sait parler marché, on sait parler technique mais surtout on est les seul à parler du vrai sujet commun a toute entreprise: L’HOMME !!! On parle des usages et de l’interaction de l’homme avec son environnement. On est convaincu que le designer est un des postes clé de l’entreprise de demain.
Quelle est la commande que vous aimeriez vous voir confier?
On reste fascinés par l’industrie du plastique, le process laisse place à une grande liberté formelle et les contraintes liée a la production sont hyper challengeante. Une fois le design validé et l’ingénierie finie, le process fait place à un ballet de machines. Cette cadence et cette performance industrielle est une vrai sujet de fascination. Dans cette optique une chaise ne plastique injecté serait vraiment un beau sujet d’étude. Au delà de cet attrait pour les chaises commun a bon nombre de designer. Ce qui nous porte c’est de changer de typologie de projet régulièrement : le mobilier, l’objet, la mobilité douce, on est près a investir encore plein de champs et on a une vraie appétence pour les objets qui tourne autour de la notion de transport : Voiture, moto, bateau, avion, train ….
De votre point de vue, le métier de designer est-il enviable aujourd’hui?
C’est un métier qui nous passionne plus chaque jour et nous ne pouvons que le conseiller, Il n’en reste pas moins la réalité, que c’est un milieu difficile ou il n’y a malheureusement pas de place pour tt le monde. Et trop d’étudiant qui se diplôment chaque année pour trop peu de place sur le marché.
Pour finir, un livre, un site Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous?
L’éloge du carburateur de Matthew B.Crawford
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Quelques projets du studio :
Dita pour Metylos
Knot avec l’aide à projet VIA
Retrouvez plus d’interviews de designers en visitant notre rubrique portraits.