L’Objet en question(s): Luminaire Cousu par le designer Jean Couvreur
La rubrique “L’objet en question(s)” présente des portraits d’objet ou de séries d’objets, par leurs créateurs: l’histoire de leur genèse, leurs contraintes, leurs enjeux… Aujourd’hui, le designer Jean Couvreur, diplômé de l’Ensci en 2006 et intervenant aujourd’hui dans les domaines du design d’objet et du design d’espace, nous présente son projet de luminaire souple « Cousu ». Interview :
Pourriez-vous nous décrire votre projet en quelques mots?
Le projet de luminaire COUSU est le fruit de recherches sur le patronage de formes en trois dimensions. Comme pour un vêtement, l’idée est de donner forme à des pièces découpées en 2D puis cousues entre elles pour obtenir des objets en volume. Le résultat est un prototype de lampe de table et d’une suspension dont la lumière se diffuse dans un globe souple en mousse de polyéthylène.
Comment ce projet vous a-t-il été confié?
Le projet est très ancien. Il a démarré à l’école (lENSCI) il y a plus de 10 ans. J’utilisais la thermoformeuse pour mouler du plastazote dans des carcasses d’abat-jour ( cf lampe Pagode).
En sortant de l’école je n’ai plus eu accès à la machine mais j’ai souhaité continuer à travailler avec le polyéthylène parce qu’il a un pouvoir diffusant de la lumière très homogène.
Je me suis donc rapproché des fournisseurs de mousse de polyéthylène qui sont principalement des fabricants de matériel médical, de matériels pour podologues et de semelles orthopédiques. Il existe des mousses incroyables, hyper techniques et d’autres aux motifs complètement désuet. Et j’ai retenu cette mousse orthopédique micro perforée que j’ai cousu de fil de nylon pour former mes globes.
Quels étaient, selon vous, les principales contraintes et les principaux enjeux de ce projet?
Ma contrainte était de pouvoir fabriquer cet objet entièrement moi-même. Un proto en tout cas. Je me dis, si j’arrive à un résultat satisfaisant moi-même alors un industriel pourra s’en sortir.
Quel était votre concept ou votre idée de départ?
Quand je travaille sur une matière, j’essaye justement de ne pas avoir d’idée préconçu pour que je puisse pousser et expérimenter au maximum le matériau, en tirer ce qu’il a de plus intéressant avant de m’arrêter sur une typologie d’objet. Je fais confiance en la pratique manuelle.
Pourquoi le projet a-t-il, au final, cette forme et ce ou ces matériaux?
La matière est souple mais l’objet doit se tenir de lui-même. Il n’y a aucune structure rigide à l’intérieur. Aussi il faut créer un volume suffisamment grand pour une belle diffusion de la lumière. Il faut donc trouver le juste milieu.
Qui étaient vos interlocuteurs chez votre client, et avec qui avez-vous du collaborer?
Les fabricants de mousse orthopédiques m’ont plutôt conseillés de faire des semelles orthopédiques plutôt que des luminaires.
Au total, combien de personnes ont travaillé sur ce projet?
Moi et des stagiaires patients parce que tout est cousu à la main.
Quelles sont les difficultés que vous avez éventuellement rencontrées sur ce projet, et comment les avez-vous contournées?
Les formes souples et molles ne vont pas bien avec les composants électriques des luminaires. Il a fallu dessiner en fonction de ces pièces.
Sur combien de temps s’est déroulé ce projet?
Nous avons du y travailler 4 mois. Nous les avons présenté pour la première à la première édition de Paris Design week en 2011
Et pour finir, où en est ce projet?
Je n’ai jamais présenté ce projet à un éditeur, parce que je le trouvais trop hybride. Aujourd’hui le projet reste à l’état de prototype. Je pense qu’il y a encore du travail pour le rendre commercialement viable. J’ai dessiné beaucoup de versions de ce projet mais je n’y remettrais les mains dedans que si je rencontre un industriel capable d’y apporter sa propre vision.
-
Pour découvrir plus de travaux de Jean Couvreur, visitez son site internet.
Sur le même thème, retrouvez plus d’interviews de designers en visitant notre rubrique l’Objet en question(s).