Interview : Nadège Mouyssinat
C’est aujourd’hui Nadège Mouyssinat, designer spécialisée dans la céramique et récemment lauréate du Prix de la Jeune Création Métiers d’Art 2018 des Ateliers d’art de France, qui répond à quelques unes de nos questions. Interview :
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel?
J’ai su très tôt que je voulais être « inventrice » (comme je le disais, petite, à mes parents), j’ai naturellement choisi un lycée d’arts appliqués (Raymond Lœwy à La Souterraine (Creuse 23)). Après le Bac, j’ai passé deux ans en Fac d’Arts Plastiques à Bordeaux (Université Michel de Montaigne Bordeaux III ), puis j’ai recherché une formation plus courte pour me professionnaliser plus vite, ce que j’ai trouvé à Limoges (87) avec un B.T.S. « Arts Céramiques » en alternance. A cette occasion, j’ai mis le pied dans le monde des manufactures de porcelaine avec leurs produits de luxe pour la restauration haut de gamme, leurs projets de designers et autres commandes spéciales d’architectes, je proposais moi-même des collections aux marques pour lesquelles je travaillais ( Bernardaud, J-L Coquet/ Jaune de Chrome). Une aventure passionnante qui dura 8 ans après le diplôme. Fin 2015, j’ai décidé de me consacrer à mes propres projets.
Sur quel(s) sujet(s) travaillez-vous en ce moment?
Il y a d’une part les projets d’atelier pour mes expositions futures : je développe une pièce monumentale pour « Révélations » en Mai prochain, je travaille aussi une série de pièces très intimes avec beaucoup de détails, très délicates, pour ne pas dire précieuses, dans la continuité d’une série intitulée « Blooming Datura » commencée cet été. J’ai aussi envie de travailler à la commande sur des projets spécifiques, de développer des collections en exclusivité. Pour cela, je suis en train de mettre en place des collaborations avec des prescripteurs, et avec des marques de porcelaine comme consultante .
Quelle est votre méthode de travail habituelle?
Je fonctionne par « projet » et non par « pièce », bien qu’il en résulte parfois des pièces uniques. Je remplis des carnets de notes, croquis, citations, lorsqu’une thématique devient récurrente, je la développe par le dessin et l’écriture. J’ai toujours un passage par le dessin technique et/ou les logiciel de C.A.O et 3D car je suis très exigeante sur la qualité de mes lignes. La lecture et la contextualisation de mes projets est très importante, cela les rend plus denses, plus incarnés. Je n’hésite pas à jeter, recommencer depuis le départ ce qui ne me satisfait pas totalement.
Quelle est votre actualité du moment?
J’ai reçu en 2018 le Prix de la Jeune Création Métiers d’Arts, par Ateliers d’Arts de France, ce qui, en plus d’une belle campagne de presse, me donne deux expos dans des lieux prestigieux: Sotheby’s du 15 au 20 Décembre prochain, et Révélations au Grand Palais du 23 au 26 Mai 2019. Je viens de terminer la session 2018 du Salon Céramique 14, je participe du 21.10.2018 au 20.01.2019 à « Monumentality- Fragility », une exposition aux abattoirs de Mons en Belgique à l’initiative du WCC-BF. D’autres expositions sont en préparation pour le deuxième semestre 2019, au Japon dans une galerie à Kyoto et en France dans un musée national, notamment.
Fréquentez-vous les blogs et sites Internet consacrés au design, et si oui lesquels?
Je les fréquente un peu mais j’avoue qu’ Instagram est l’endroit où je suis le plus les actualités des artistes / marques / designers / galeries, grâce à son côté ludique, facile et rapide.
Y a-t-il un ou plusieurs designers, ou créateurs, qui vous inspirent au quotidien?
L’époque et le médium importent peu, ils sont donc très divers : Iris Van Herpen, Ernst Haeckel, Karl Blossfelt, Egon Schiele, Johan Creten, Edmund De Waal, Grégoire Scalabre, Bae Sejin, Louise Bourgeois, Borek sipek , Etorre sottsass, Andreas Branzi, Karl Blossfeld… La littérature est aussi une source d’inspiration vitale et inépuisable pour moi.
S’il y avait une chose à changer dans le design?
D É C L O I S O N N E R ! (même si cela a déjà commencé…)
Quelle est la commande que vous aimeriez vous voire confier?
Une expo solo dans un grand centre d’art et/ou une belle galerie, l’aménagement d’un Hôtel de Luxe. (rien que ça…)
De votre point de vue, le métier de designer est-il enviable aujourd’hui?
Le métier de designer, comme tout métier créatif est enviable du fait d’être un métier-passion. Je constate toutefois une précarité admise de tous, à commencer par les artistes eux-même, la propriété intellectuelle est difficile à faire respecter, la rémunération des artistes reste très anecdotique surtout pour les droits de monstration. La création reste perçue comme un acte de plaisir et non de travail, c’est une vraie problématique sociale mais aussi idéologique. Il faut faire tomber le mythe de l’artiste bohème romantique, et ce, dès l’école.
Pour finir, un livre, un site Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous?
« Jody et le Faon » de Marjorie Kinnan Rawlings lu par Guillaume Gallienne dans le podcast de l’émission « Ça peut pas faire de mal » sur France Inter et l’exposition « Persona Grata » au MAC VAL à Vitry-sur-Seine, deux moments bouleversants.
Quelques créations de Nadège Mouyssinat :
Pour découvrir plus de travaux de Nadège Mouyssinat, visitez son site internet.
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le 31 décembre 2018 à 9 h 03 min
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