Humberto & Fernando Campana : Rainbow Warriors
En partenariat avec le magazine Intramuros.
« Ils abordent le design comme Erik Satie ses Gymnopédies. Des exercices en forme de poire, peccadilles importunes, choses vues à droite et à gauche transfigurées en belles excentriques. De l’abstraction à l’immanence, de la simplicité à l’excentricité, l’œuvre des frères Campana soulève débat depuis bientôt 20 ans. Entre l’Art, le design ou juste à l’intersection, les faux jumeaux de São Paulo préfèrent l’aquoibonisme aux polémiques. Anticonformistes donc libres. Solaires et imperturbables, à l’ombre des avocatiers. »
La fusion des différentiels
« “Quand la loi redevient celle de la jungle, c’est un honneur que d’être déclaré hors-la-loi”. Ils pourraient s’amuser de la litote d’Hervé Bazin. Parce qu’avant d’être libertaires, ils s’avèrent révolutionnaires. Envers mais jamais contre tous. Simplement hors système, habiles à déjouer les pièges du discours pour mieux s’affirmer par les gestes. Nés au Brésil en 1953 et 1961, Humberto et Fernando Campana portent en eux les gènes des enfants sauvages. De frères devenus partenaires, d’une paire indissociable et complémentaire, à l’inspiration parallèle autant que perpendiculaire. Leur histoire prend racine au pied de l’arbre généalogique. De la droguerie du grand-père aux intérêts pour la terre d’un père ingénieur agronome. Sans oublier une mère institutrice, douce mais prête à toutes les folies, décrite comme une Elisabeth Taylor n’ayant pas peur de devenir Virginia Wolf. Une famille à la manière d’un film somme, partagée entre une culture italienne, machiste et catholique, pour autant attirée par le fruit du péché, fascinée par la Nouvelle Vague, capable de faire découvrir à une fratrie encore adolescente les chefs d’œuvre sulfureux de Pier Paolo Pasolini. Rien ne sert donc de les dissocier. Les silences de l’un rattrapent la volubilité de l’autre. Le temps qui les sépare a remonté les logiques de la filiation. Les Campana excellent dans l’art de se renvoyer la balle et de noyer le poisson. Pour balader le monde. À tour de rôle soleil trompeur et face cachée de la lune… »
Extrait de la rubrique « Portrait », Humberto & Fernando Campana par Yann Siliec, magazine Intramuros n°149, Juillet-Août 2010).
Quelques projets d’Humberto & Fernando Campana:
“Transplastics”, des chaises standards en plastique dévorées et comme englouties par l’osier. Réalisé pour la galerie Albion à Londres (2006):
Le fauteuil “Corallo” en fil d’acier inoxydable pour Edra (2004), et un cliché dans l’atelier pendant sa fabrication:
“Cabana”, cinq étagères cachées sous une chevelure de rafia ignifugée, Edra (2010):
Le Fauteuil “Vermelha”, 500m de corde nautique sur une structure d’acier inoxydable pour Edra:
Ce portrait est au sommaire du numéro 149 d’Intramuros, dont voici la couverture: