• Interview: Guillaume Delvigne

    Nous poursuivons notre cycle d’interview avec Guillaume Delvigne, passé par l’Ecole de Design de Nantes Atlantique et le Politecnico di Milano, membre du collectif Dito et également designer indépendant.

    Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel?
    J’ai fait mes études à l’Ecole de Design Nantes Atlantique, avec un séjour Erasmus au Politecnico di Milano. Diplômé en 2002, je suis reparti à Milan pour travailler aux côtés de George J. Sowden sur des projets d’électroménager pour Moulinex. Deux ans plus tard, je me suis installé à Paris où j’ai commencé à collaborer avec différentes agences de design tout en développant des projets personnels.
    Ces dernières années, j’ai ainsi travaillé avec les RADI Designers, Delo Lindo, Robert Stadler, Marc Newson ou Elium Studio.
    C’est en Italie que j’ai eu l’opportunité d’éditer mes premières pièces. Là bas, j’ai participé à la création d’Industreal, une petite société d’édition d’objets. Avec eux, j’ai réalisé beaucoup de projets qui m’ont permis de me lancer. Aujourd’hui, je travaille sur des sujets assez variés, aussi bien pour des éditeurs, des galeries, que des industriels. En parallèle de ce travail, je fais partie du collectif de recherche Dito.

    Sur quel(s) sujet(s) travaillez-vous en ce moment?
    Aujourd’hui, j’exerce à temps partiel mon activité de collaborateur freelance chez Cédric Ragot.
    A titre plus personnel, je travaille sur plusieurs sujets différents. Par exemple, avec l’architecte Vincent Eschalier, je suis en train de développer une ligne de meubles en teck. Toujours avec Vincent, nous travaillons sur un projet pour une marque de bougies de luxe.
    En solo, je dessine une série de pièces pour une galerie, en vue d’une exposition. Je réponds également en ce moment à un appel d’offre pour la création d’un trophée.
    Enfin, avec le collectif Dito, nous préparons une nouvelle exposition de nos travaux de recherche. D’autres projets vont peut être bientôt commencer, mais il est encore un peu tôt pour en parler.

    Combien de personnes compte votre agence?
    Je travaille seul pour le moment mais je me retrouve régulièrement à faire certains projets en duo, comme avec les designers Ionna Vautrin, Pierre Brichet et Thibaud Klepper, ou avec l’architecte Vincent Eschalier.

    Quelle est votre méthode de travail habituelle?
    Je me mets très vite à dessiner les choses. Je suis davantage à l’aise dans la recherche de la forme, dans le sensible, plutôt que dans le concept. Par contre, j’ai tendance à d’abord chercher cette forme dans la tête, puis à la poser ensuite sur le papier.

    Fréquentez-vous les blogs et sites Internet consacrés au design, et si oui lesquels?
    Oui, je vais régulièrement faire un tour sur des sites comme Dezeen, Muuuz, ou La Revue du Design.
    Je cherche à me tenir informé de ce qui se fait. Mais je fais aussi attention à ce que cette prospection ne me coupe pas l’inspiration, car on peut vite avoir l’impression que tout a déjà été dit et fait.

    Y a-t-il un ou plusieurs designers, ou créateurs, qui vous inspirent au quotidien?
    J’admire le travail de nombreux designers, au premier rang desquels je placerais les grands maîtres italiens comme Ettore Sottsass, Andrea Branzi, Achille Castiglionni ou Enzo Mari. Toujours dans les « anciens » il y a bien sûr Charles et Ray Eames, Dieter Rames ou Jean Prouvé.
    Parmi les designers contemporains, les frères Bouroullec, Pierre Charpin, Jasper Morrison, Marc Newson, KonstantinGrcic, Naoto Fukasawa ou Barber Osgerby font également partie de mes références.

    S’il y avait une chose à changer dans le design?
    Ce n’est pas forcément dans le design que je souhaiterais changer quelque chose mais davantage dans la vision qu’ont d’autres métiers liés à notre activité. Même si l’on n’a jamais autant parlé de design qu’aujourd’hui, j’ai l’impression que l’on ne nous prend pas toujours au sérieux.

    Quelle est la commande que vous aimeriez vous voire confier?
    Ce n’est sans doute pas très original, mais j’aimerais beaucoup qu’une marque comme Alessi me demande de lui dessiner un objet. De même, si par exemple Vitra me commandait un meuble, ou Flos un luminaire… je serais aux anges. En fait, j’aimerais avoir la chance, un jour, de travailler pour ces grandes entreprises qui sont fameuses pour leur design ET leur savoir-faire.

    De votre point de vue, le métier de designer est-il enviable aujourd’hui?
    Je crois que si je n’exerçais pas cette profession, j’en rêverais. C’est un métier passionnant et créatif, qui participe à essayer de rendre le monde – des objets – qui nous entoure un peu plus beau. C’est une position assez privilégiée.

    Pour finir, un livre, un site Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous?
    Je viens d’acheter le livre « Less and more » sur Dieter Rams. Je vous le recommande, c’est une véritable « mine d’or ». En matière de design industriel, le travail qu’ils accomplissaient chez Braun était à mon sens vraiment exemplaire.

    —–

    Quelques projets de Guillaume Delvigne:

    Campane, ToolsGalerie (2009):

    Chapeaux pour vase, Industreal (2004):

    Deneb, dessin préparatoire (2010):

    Lampe O10, Specimen Editions (2010):

    Panier percé, avec Ionna Vautrin, Industreal (2005):

    Rokr, Collectif Dito (2010):

    Soprano, avec Pierre Brichet, prototype (2007):

    Photos et visuels © Guillaume Delvigne.

    Pour en savoir plus: www.guillaumedelvigne.com.


    7 commentaires

    1. Flo Deau dit:

      Bel interview Alex :)
      J’aime beaucoup les créations de Guillaume Delvigne. En fouillant dans « mes cartons d’archives » de blog, j’ai retrouvé 4 articles que j’avais consacrés à ses projets : mes préférés, les vases Fabbrica del vapore imaginés en collaboration avec la designer Ionna Vautrin, le vase DENEB pour Specimen Éditions et la lampe à poser Campane.

    2. Elodie dit:

      D’accord avec Flo – toutes les créations avec Ionna Vautrin. Un vrai coup de foudre pour les vases Fabbrica del vapore, un coup de chapeau pour les séries Rombas et Donges, Panier percé, les vases texturés. Les Paniers percés et autres Boîtes tamisées sont amusants mais moins frappants, à mon goût.
      Ils sont bien, les rejetons de l’Ecole de Design de Nantes Atlantique. Allez, encourageons à fond la création française !

    3. La Revue du Design dit:

      Je ne peux que partager votre enthousiasme, Flo et Elodie.
      Et je suis certain que Guillaume Delvigne sera ravi d’être admiré par deux blogueuses de talent !!! :)

    4. maupado dit:

      Je voulais pas déranger, alors je suis passé plus tard, et, restons discret, chuchotons:
      c’est fichtrement bien. mon préféré, c’est le panier percé. chut.

    5. La Revue du Design » Blog Archive » Reportage: Maison et Objet 2011 dit:

      [...] Sélection Talents à la carte: chaise et table Arsène repérées sur le stand de Guillaume Delvigne. [...]

    6. Dominique dit:

      Passionnante interview. Merci et bravo pour ces réalisations

    7. La Revue du Design » Blog Archive » Design à voir, lire ou écouter dit:

      [...] Une interview du designer Guillaume Delvigne (via larevuedudesign). [...]

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