Par Estelle Berger.
Un lieu commun répandu voudrait que, pays charnière, la France peine à trouver sa conception du designer, entre un profil technique d’ingénieur à l’anglo-saxonne, et une vision plus romantique du designer-artiste, répandue dans les pays latins. En France, on est souvent prompt à critiquer un paysage supposé éclaté et discordant, qui ne serait pas favorable à la reconnaissance du design.
Si cette hypothèse se vérifiait, ce contexte pourrait-il avoir permis le développement d’un design « à la française », construit dans un rejet / une synthèse des modèles développés ailleurs?
Nous devrions alors pouvoir dessiner – en creux ou en plein – une spécificité française.
Prend-elle la forme d’un manque, comme les lieux communs souvent entendus le suggèrent (« En France, on manque d’une culture de l’innovation »…)? Ce manque théorique est-il au contraire une force; ou une simple apparence trompeuse?
Pour répondre à cette problématique, nous allons comparer différents critères permettant de juger de l’intégration et de la reconnaissance du design dans trois pays d’Europe: la France, notre champ d’étude, le Royaume-Uni, représentatif des pays anglo-saxons, et l’Italie, pays latin.
Nous examinerons des données ayant trait au contexte historique de développement du design, à l’offre de formation (professionnalisante et académique), au panorama professionnel du design et de l’innovation, et enfin aux initiatives de promotion du design. Lire la suite »