Portrait : Stéphanie Marin
Née en 1973 à Marseille, Stéphanie Marin vient tardivement au design. Pendant une quinzaine d’années, elle dessine d’abord des vêtements, en misant notamment sur la récupération et la customisation. Et cela marche plutôt bien : une boutique à Nice, une autre à Barcelone, et plusieurs dizaines de points de vente partout dans le monde. En 2004, elle décide d’étendre ses réflexions au design et à l’habitat. Nait ainsi une série d’assises, de tables et de cloisons légères inspirées de la nature.
Elle imagine tout d’abord, entre 2004 et 2006, les Livingstones : une série de galets mous tantôt coussins, tantôt poufs ou canapés. Existant en version intérieure (avec revêtement en laine vierge) ou extérieure (tissus néoprène), ces objets aux teintes naturelles ou chaudes (gris, grège, rouge…) permettent à l’utilisateur de moduler et d’expérimenter son propre paysage domestique.
Puis viennent, en 2007, les Mobileshadows, des cloisons souples réalisées en pure voile de lin, montées sur une armature flexible en acier galvanisé. Comme des ombres ou des nuages, ces formes se combinent, jouent sur les transparences et les perméabilités, et évoluent au gré des mouvements ou des courants d’air. Enfin, la créatrice complète sa série avec Livingisland, un ensemble de plusieurs tables basses pouvant se superposer. Composées de strates de contreplaqué évoquant un relief géométrique, elles semblent défier l’apesanteur. Elles se déclinent, elles aussi, en différentes formes, dimensions et finitions.
Oublier les standards
Les créations de Stéphanie Marin sont certes métaphoriques, singeant avec plus ou moins de distance des éléments naturels (pierres, nuages, montagnes…). Pourtant, leur évidence fonctionnelle et leur simplicité formelle arrive à les abstraire de tout écueil « kitsch ». Délaissant les références et tics habituels de la discipline, la créatrice s’éloigne donc de tout vocabulaire archétypal ou prétendument « design ». De plus, en privilégiant les teintes et matières naturelles, les séries limitées et l’autoédition, les relations directes avec les artisans, elle en appelle à un design plus qualitatif, plus original et plus proche de ses consommateurs / utilisateurs.
Introduisant dans nos intérieurs des esthétiques exogènes, Stéphanie Marin propose une vision rafraichie du design et de l’aménagement d’intérieur. Elle interroge nos habitudes, nos perceptions, notre capacité à imaginer, à nous projeter, à rêver… Et ce faisant, elle redéfinit non seulement l’apparence des objets qui nous entourent, mais aussi et surtout les comportements et habitudes qui leurs sont liés.
Alexandre Cocco
Pour plus d’informations, vous pouvez visiter le site de Stéphanie Marin.