Au revoir, Pierre Paulin
Pierre Paulin, créateur incontournable des années 1960 et 1970, est décédé samedi à l’hôpital Saint-Roch de Montpellier. Il était âgé de 81 ans. Rendu célèbre par ses sièges aux formes courbes et sensuelles, en mousse gainée de tissus colorés, le designer aura marqué près d’un demi-siècle de l’histoire de la discipline, connaissant plusieurs succès internationaux mais aussi une longue traversée du désert qui ne devait l’amener à revenir sur le devant de la scène que depuis un peu plus de deux ans.
En effet, totalement oublié ou presque depuis la fin des années 1980, Pierre Paulin, qui résidait depuis une quinzaine d’années dans les Cévennes avec sa femme Maya, avait été remis à l’honneur dans deux grandes rétrospectives présentées à la villa Noailles d’Hyères durant l’été 2007 et au Musée des Gobelins début 2008. L’an dernier, la galerie parisienne Perimeter avait même édité quatre modèles inédits : deux banquettes et deux tables (nous avions consacré un article à ces objets, intitulé Intérêts éventuels et écueils probables du néo-rétro-design. Dans le même temps, Ligne Roset distribuait pour la première fois une série de canapés, fauteuils et poufs de la série Pumpkin, imaginée à la fin des années 1950, et d’autres projets étaient amenés à être édités, chez Magis notamment (voir par exemple l’article de Designboom consacré à ce sujet).
Né en 1927 à Paris d’un père français et d’une mère suisse allemande, Pierre Paulin a passé son enfance dans l’Aisne, à Laon. Enfant, inspiré par un de ses oncles, il s’imaginait sculpteur. Il opte finalement pour le design et l’architecture intérieure, et intègre l’école Camondo. Influencé par le design d’après guerre fonctionnaliste, épuré mais plus organique que celui des années 1930, il cite volontiers Charles et Ray Eames ou les scandinaves comme sources d’inspiration.
Il livrera un mobilier simple et fonctionnel, profondément novateur quant à l’utilisation des matériaux et des techniques de productions alors mises en place. Critique vis-à-vis de la jeune génération, au sein de laquelle il reconnaissait tout de même quelques talents, il regrettait malgré tout le manque d’originalité des jeunes designers et leur faible propension à détourner l’aspect technologique pour imaginer des formes nouvelles.
Ses aménagements intérieurs (il avait été choisi par Georges Pompidou puis par François Mitterrand pour meubler l’Elysée) mais aussi et surtout ses objets, les plus connus comme les fauteuils Tongue, Ribbon ou Mushroom, ou celles plus anonymes qu’il a imaginées pour des marques telles que Calor, Tefal ou PSA, marqueront durablement l’histoire du design. Plusieurs d’entre eux ornent d’ailleurs déjà les collections du MoMA de New York, du Victoria and Albert Museum de Londres ou encore celles du Musée des Arts décoratifs de Paris…
le 20 juin 2009 à 10 h 42 min
L’absence de sujet sur Pierre Paulin dans les blogs design est révélateur de la sélection par la « nouveauté » des blogs , de même que l’effet réducteur des titrages de la presse papier (PP, le designer de L’Elysée,PP a quitté son siège)…
J’imagine la réduction d’un « géant » du design comme Starck : Starck designer de l’Elysée , designer de chaise empilable en plastique , en Polypropylène…Il ne figure pas dans le TOP 10 des designers de Forbes…
alors qu’il est le plus riche…
le 22 juin 2009 à 8 h 01 min
Phrase très intéressante qui mériterait un développement
« Critique vis-à-vis de la jeune génération, au sein de laquelle il reconnaissait tout de même quelques talents, il regrettait malgré tout le manque d’originalité des jeunes designers et leur faible propension à détourner l’aspect technologique pour imaginer des formes nouvelles. »
le 22 juin 2009 à 8 h 06 min
le message de Pierre Paulin aux jeunes designers: souvent vous copiez alors que tout reste à inventer…
http://www.courriercadres.com/content/pierre-paulin-tout-reste-à-inventer-en-design
le 23 juin 2009 à 6 h 15 min
secrets de design par un maître
http://vimeo.com/1600307