Design management: réhabilitation du «travail de la main»
Ou comment les Ecoles de Design participent de la réconciliation entre « faire » et « faire faire ».
Par Christian Guellerin.
Au moment où se posent les problèmes de compétitivité des entreprises, où les économistes et les politiques n’ont de cesse de créer des Ministères, des commissions ou comités de « redressement » pour essayer de sortir les pays occidentaux des crises successives et retrouver des modèles de croissance industrielle, est-il incongru de parler de la réhabilitation du « travail de la main » comme réponse – modeste certes – au déclin des industries occidentales?
Faut-il s’étonner, alors que les enfants dessinent à l’école, travaillent le papier, le carton et autres matériaux, fabriquent divers objets, jouent au Lego ou au Meccano puis, plus tard, réalisent des maquettes ou aménagent leur chambre, qu’ils ne se consacrent une fois dans l’enseignement supérieur qu’à des tâches supposées intellectuelles, comme si la reconnaissance intellectuelle était vertu et le fait d’y « mettre les mains » dérisoire voire dégradant? Faut-il s’étonner qu’en France, en particulier, les meilleurs étudiants qui sortent de filières scientifiques abandonnent définitivement la culture technologique, et tous les aspects de la conception et de la fabrication des produits dès lors qu’ils accèdent aux meilleures Business schools? Faut-il s’étonner – comme le rappelait récemment le patron de Schneider – que les meilleures écoles d’ingénieurs ne produisent plus d’ingénieurs, et que les Centraliens préfèrent les salles de marché financier à Londres ou Francfort aux usines?
L’organisation scientifique du travail, depuis la révolution industrielle du milieu du 19ème siècle, n’a eu de cesse de séparer le travail intellectuel, confié aux « élites », et le travail manuel, confié aux ouvriers. Taylor dès la fin du 19e siècle modélise une organisation scientifique du travail (Scientific Management) qui conduit à séparer l’encadrement qui réfléchit, qui modélise, qui détermine les procédures, qui dicte les règles d’un « travail bien fait » à des ouvriers de moins en moins qualifiés puisque cantonnés à n’appliquer que des procédures et ne plus réfléchir. C’est à ce moment là que naît le design comme pour compenser cette « inhumanité » à séparer le corps de son esprit.
Cette organisation conduit évidemment à la disparition de l’ouvrier qualifié, celui qui réfléchit, celui qui lie la réflexion au travail de la main, au profit d’un ouvrier de moins en moins qualifié. Il faut se souvenir de Charlot dans « Les Temps modernes » qui, aussitôt qu’il pense, est « mangé » par la machine ou bien relire « 325000 Francs » de Roger Vaillant pour savoir que « réfléchir » conduit l’ouvrier à sa perte. Busard, le héros de Vaillant, son bras broyé par la presse qu’il pilote, est lui aussi mangé par la machine.
Cette organisation scientifique de l’entreprise a une vertu économique, celle de payer moins cher les ouvriers moins qualifiés. Mais, le bât blesse dès lors que d’autres pays émergent, payent les ouvriers encore moins cher et dénaturent les conditions de la concurrence. Et l’entreprise ne dispose plus de cette strate d’ouvriers qualifiés qui sont les premiers relais de la création et de l’innovation, ceux qui font le lien entre la stratégie et la « mise en pratique » industrielle. Faut-il aller plus loin pour comprendre le déclin de l’industrie dans les pays occidentaux?
Les récents travaux menés par ces mêmes entreprises autour des normes de qualité répondent – involontairement peut-être – au même objectif. Mettre en place des procédures – et devoir les appliquer, ce qui est la moindre des choses – obèrent la possibilité de ceux qui les appliquent à devoir réfléchir. De même qu’elles handicapent les structures dans leurs capacités à innover. Créer, innover, pour les zélateurs de la Qualité, c’est sortir de la norme et contrevenir à l’intérêt de l’entreprise. La politique de normalisation a permis à certaines entreprises de se structurer certes, mais en a conduit d’autres à la faillite par non-capacité à réformer les modèles mis en place et à innover.
Le « redressement productif » des entreprises industrielles occidentales passe peut-être par le fait de prendre « les choses en main ». Il s’agit de requalifier les personnels et de réhabiliter la vertu de la congruence entre l’esprit et la capacité à construire, dessiner, monter, démonter soi-même. Il s’agit de réhabiliter la capacité individuelle de chacun à construire de ses mains, pour être les premiers à mettre en œuvre l’innovation et lui donner sens. C’est pour cela que l’entreprise a besoin de designers, parce qu’au-delà de leurs idées de création, ils/elles font!
« La main est esprit » nous enseignent les Compagnons, il s’agit de s’en souvenir pour réconcilier la tête, l’idée, et le faire, l’agir. Aucun séminaire de « design thinking » n’a jamais modifié, ni développé une activité ou plus généralement une entreprise, ni généré la moindre valeur ajoutée. Seuls ceux qui prennent «les choses en main » permettent d’avancer. C’est pour cela que le « design thinking » ou tout séminaire de créativité n’a d’abouti qu’à la condition des designers. Aucun « post-it » au mur n’a jamais produit quelque chose.
Si j’étais « politique » en charge du développement industriel, je ferai en sorte de réhabiliter les cours de technologie et de travail manuel à l’école. Je les appellerais « cours de design et d’innovation » pour en dépoussiérer l’image et reconnaître la qualité de leurs enseignants dévoués et trop peu reconnus.
Et j’affirmerais la responsabilité des écoles de design de concilier le « faire-faire » et le « faire », condition d’un entreprenariat efficient, condition d’une ré-industrialisation de nos territoires.
Et si tout commençait par la réhabilitation du « travail de la main ».
le 5 novembre 2013 à 9 h 13 min
Oui, il y a quelques idées intéressantes dans ce texte. Mais ce n’est pas vraiment un texte écrit par un designer expérimenté.
L’idée de réhabiliter « le travail à la main » est une chose positive. Si il s’agit de simplement contrer le verbage gratuit. Seulement un designer se poserait la question de savoir si la Sorbonne et l’école ont l’intelligence, les moyens et la volonté de réhabiliter « le travail fait main ». Ensuite il se poserait la question de savoir si la réhabilitation du « fait main » implique l’accès à la démarche du désigner simplement parce qu’on l’appelle « design et innovation ». Un designer ne pense pas qu’il suffit de nommer les chose pour quelles soient. Contrairement à l’homme du verbe. Finalement l’idée de ce texte pourrait simplement aboutir à l’art et l’artisanat: travail très personnel sans aucune dimension collective. Ce qui est loin du design, de l’innovation, de la modernité et des besoins de notre société. Nous pourrions même dire que, comme « l’intellectualisme » verbal, l’art et l’artisanat (Dans leur dimension technicienne généralisée) sont des boulets à l’évolution de notre société.
Si ce texte est intéressant, il n’en demeure pas moins un texte littéraire « intellectuel ». Très peu en prise avec la réalité et l’environnement de « l’usine » ( Sorbonne et école). Et sans esprit de résultat et de réussite. Ce qui est l’objectif réel du travail du designer.
Un bon texte pour devenir politique. Ou avoir un Master basé seulement sur un mémoire d’analyse suivant les nouveaux critères de design à l’université. Mais certainement pas pour obtenir un CDI comme designer intégré chez Puma.
le 5 novembre 2013 à 10 h 57 min
A Julien,
C’est amusant ce tropisme systématique à vouloir qu’il n’y ait que le designer capable de parler de design, comme s’il fallait être absolument philosophe pour parler de Platon et d’Humanisme. C’est ce tropisme qui a consacré le retard du design dans l’industrie en France… « Moi, je suis designer, et toi, tu comprends rien…. » Absurde et difficile dès lors de travailler avec les autres.
Moi, je trouve cet article intéressant et inspirant. Je ne suis modestement qu’ingénieur, je ne comprends donc rien au design et peut-être que je m’enferme dans l’art et l’artisanat. Quelle horreur !….:)
Je rappelle l’initiative de Georges Charpak il y a quelques années et le concept de « Main à la Pâte » qui me semble être de la même veine.
le 5 novembre 2013 à 13 h 58 min
@Helene;
Désolé ton raisonnement ne tient pas. il part d’une certitude non réflechie. JE NE SUIS PAS DESIGNER! .
Trop de personnes parlent et écrivent sur le design, juste pour être dans le mouv, pour exister. Il serait bon qu’ils aient assez d’intelligence pour comprendre que lire G Charpak est suffisant pour être dans l’histoire. Mais pas pertinent pour savoir ce qui se passe dans le bureau de R et D de chez Puma.
Tu peux parler autant que tu veux du design. Mais prétendre à la légitimité ou au droit à professer, c’est abusif!
PS: je ne pense pas que les philosophes soient aussi tolérants que tu le laisses entendre pour les « amateurs » . Au contraire!
le 5 novembre 2013 à 14 h 09 min
helene;
Tu prétends mettre le retard du design, en France, sur le dos des designers. Mais tu prétends ne rien y connaître! Interessant.
Tu devrais intégrer dans tes connaissances avant de conclure que le mot design a été interdit en France par une loi. Et que l’université et l’administration ont toujours essayer d’y substituer un mot bien franchouillard. Et ce n’est qu’au debut de ce XXI siécle que ces milieux ont commencé à accepter le MOT. Mais en refusant toujours le fond, le concept.Et promouvoir les masters de design qui s’appuient sur le mémoire écrit d’analyse et non pas sur le résultat par une forme!
Voilà ou sont les boulets du design!
C’est pour cela que les designers ont du mal à accepter les certitudes de ceux qui ne font que reproduire des erreurs et des niaiseries sur le design!
le 5 novembre 2013 à 18 h 08 min
Je trouve au contraire que la critique de Julien est justifiée, même si je pense qu’il est tout de même important d’intellectualiser pour faire avancer les choses – même dans le quotidien trivial de la vie réelle.
Par contre ce qui est dommage, c’est qu’il ne donne pas de piste constructive pour créer des ponts entre « intellectualisme » et « usine ». J’aimerais prolonger la discussion ?
le 5 novembre 2013 à 20 h 59 min
Merci Estelle;
Mais avant de proposer une piste, je voudrais préciser que, pour moi, verbaliser ne veut pas dire intellectualiser. Aussi je souhaite que les Hommes du verbe prennent du recul avant de conclure que puisqu’ils verbalisent, ils intellectualisent.
Puisque les designers dont je parle font la différence entre le graphisme et le design. Il serait convenable que les verbeux sachent faire ce type de différence pour leur propre corporation comme pour celle des designers.
Comme piste de réflexion:
1) Créer un machin (commission, secrétariat d’Etat) qui serait financé par les sommes que paient les entreprises pour la formation et qui sont gaspillées actuellement par les syndicats.
2) Ce machin serait composé par des responsables de design d’entreprises qui marchent (Français et étrangers) (Et non pas de technocrates ringardisés).
3) La première mission de ce machin serait de créer des écoles qui formerait des formateurs au design (Pas du genre de ces écoles publiques actuelles qui sont déconnectées). Je parle ici du processus de design intégré qui est pensé et mis en oeuvre dans les entreprises qui marchent. Ce type de design est le résultat d’une pensée et le processus implique la pensée! (Alors pas besoin qu’un philosophe fraîchement diplômé nous pondent un manuel divin).
4) Ces écoles BAC+5 auraient leur diplôme automatiquement reconnu comme master, sans respecter les contraintes imposées au master desséchant des Universités… (Autrement le mammouth refuserait l’étape suivante).
5) Ces formateurs iraient dans les écoles enseigner le process des designers qui intègre la Réflexion suivie du Faire (les mains) responsable.
PS; J’ai parfaitement conscience en écrivant ceci que je rêve!!!
le 5 novembre 2013 à 23 h 53 min
@Estelle
oui je crois qu’il faut prolonger la discussion sur cette « réhabilitation du travail de la main ». Et je vous invite à le faire.
Une des pistes « constructives » est justement de garder et développer la pratique manuelle de la conception dans les Ecoles de design et éviter d’y substituer l’approche uniquement virtuelle, ce qui a été naguère une tentation dans beaucoup d’établissements dans le monde.
Une autre tentation est de substituer le « design thinking » au design. Comme je le dis, aucun « Post it » au mur n’a jamais changé le destin d’une entreprise. C’est l’action, l’entreprenariat qu’il faut consacrer, le fait de mettre en oeuvre ses idées. « Au début était le verbe » certes, mais c’est « faire » qui est vertueux.
La réhabilitation du travail manuel à l’école – primaire, collège, lycée – me paraît également essentielle. Cette proposition est reprise par le récent rapport sur le design remis au Ministre Arnaud Montebourg.
Enfin et devant la multiplication des séminaires pour cadres de « design thinking » qui ne sont au fond que des « re-sucés » des séminaire de créativité d’antan, il serait intéressant de proposer des séminaires de créativité faisant appel au travail manuel et essayer d’en mesurer les résultats sur la dynamique des personnels d’une entreprise.
le 6 novembre 2013 à 9 h 46 min
Merci pour vos réactions !
Je pense pour ma part que ce n’est pas à l’école que l’on apprend à être designer. On y apprend des outils, des méthodes, des pensées… toujours insuffisants si l’on se contente de les appliquer. Je suis convaincue qu’il ne peut pas exister d’école idéale, et que c’est à chaque jeune de construire son identité de designer, par et dans le monde professionnel.
Néanmoins, ces outils de pensée qu’on apprend dans les écoles imparfaites d’aujourd’hui, s’ils sont déconnectés des entreprises, ont l’intérêt d’éveiller l’esprit. Moi même, je me sens fondamentalement designer « d’entreprise », mais cela ne m’a pas empêchée de faire une thèse à côté de mon activité. En espérant que les deux s’enrichissent mutuellement…
Voilà pour le rôle des écoles – et je pense la même chose du rôle de l’Etat : accueillons les initiatives gouvernementales, mais ne nous reposons pas sur Montebourg pour re-façonner ce qui doit l’être dans les entreprises françaises et remettre à leur place innovation, design, « design thinking »… C’est à nous de le faire, au quotidien.
C’est ça le « travail de la main » ! Avec nos petits bras, sur le terrain des services de design intégrés, des studios, des agences… propageons notre pensée du design à travers nos pratiques du design.
le 6 novembre 2013 à 10 h 32 min
@estelle
Mon propos de « réhabiliter le travail de la main » ne vise pas à ce que l’école forme des designers. Il vise à ce que les élèves retrouvent un peu d’intelligence de la main et ainsi une certaine Humanité oubliée. Historiquement, Le design s’est développé autour de cette idée, « comment retrouver les valeurs sémiotiques de l’artisanat » au moment ou la machine faisait courir le risque d’une totale déshumanisation des usines.
En commençant dès l’école, il y aura peut-être plus de place pour le design dans une société industrielle – française en particulier – dominée historiquement par les ingénieurs. L’usage et le sens versus la technologie, le débat n’est pas neuf.
Le design doit être plus accessible par la compréhension qu’en ont les autres, ceux qui ne sont pas designers. C’est pour cela qu’il est vertueux que tous ceux qui ne le sont pas en parlent, surtout quand il s’agit d’essayer de le promouvoir.
le 6 novembre 2013 à 10 h 39 min
@Estelle;
Tu tiens le discours Français: « il faut sanctuariser l’école, la protéger du monde des méchants de l’entreprise; c’est seulement à l’ecole que l’on peut apprendre à réflechir pas dans les activités professionnelle etc » » Ce n’est pas à l’école que l’on apprend à être designer »… C’est un constat pour toi ou c’est une conclusion?
Pour moi, c’est à l’école que l’on devrait apprendre à être designer. L’école devrait être précurseur et non pas boulet de la société pour satisfaire les petites habitudes tranquille d’une corporation dominée par la contemplation d’un passé rayonnant
Il ne devrait pas y avoir de formation en alternance pour combler le déficit de modernité et de réalisme des formations. Si on considère que les jeunes doivent être formés « en alternance », Alors la formation interne des écoles doit être » en alternannce ».
On ne peut pas toujours solutionner des problèmes fondamentaux par des idées de rapiécages. Est-ce que la pensée n’est que rapiécage? Le bricolage?
Le process design professionnel et son pouvoir peuvent et doivent être enseignés à l’école. La rencontre de l’entreprise, la société et l’Ecole doivent se faire et le permettre! L’Ecole ne peut continuer à être un mammouth sectaire.
le 6 novembre 2013 à 12 h 30 min
@Christian, effectivement aucun post-it au mur n’a jamais changé le destin d’une entreprise. Cela permet cependant de réfléchir, ensemble, et de se poser les bonnes questions et avec les bonnes personnes, ce que l’on a rarement le temps de faire concrètement quand on est pris dans le quotidien du business. Réhabiliter le faire, la mise en oeuvre d’idées oui certes c’est nécessaire aujourd’hui. Mais, je crois que c’est surtout la combinaison de deux « verbe et faire » qui fait et fera la richesse des entreprises. Avec un changement de mentalité au sein de ces entreprises qui n’en est encore qu’à ses débuts.
le 6 novembre 2013 à 13 h 42 min
Etre pris dans le quotidien du business n’interdit pas de réfléchir. Le temps devient une exigence. L’essentiel devient une exigence. La synthèse devient une exigence. La productivité et l’efficacité deviennent une exigence.
Qui prétend qu’user de temps est une garantie d’intelligence?
Il serait temps d’accepter que « être lent » n’est pas la preuve de la reflexion.
Les conditions de reflexions en entreprise ne sont pas laxistes. C’est cela la différence.
Les entreprises qui ont survécu ont largement fait la preuve de leur capacité à trouver le meilleur équilibre entre « le verbe et le faire ». Il serait temps d’arrêter la condescendance et le complexe de supériorité.
Les dirigeants des entreprises ont pensé, verbalisé utilement, acté le design bien avant que certains marginaux se prennent à vouloir « penser » le design pour de simples projets d’édition. (Insuffisamment pensés pour marcher)
Ces dirigeants d’entreprises ont pensé et acté le design. Puis missionné, payé, recruté, des « auteurs » visibles.
Qui est celui qui pense le design? Celui qui décide de payer un philosophe écrivain pour vendre son produit par le verbe et les références intellos. Ou le philosophe qui écrit ce pourquoi il a été payé. Instrumentalisé.
Un paysan sans culture ne confondra jamais le manche et sa cognée!
le 6 novembre 2013 à 15 h 25 min
@ Christian :
Je suis d’accord avec votre posture et vos propos ici. Je pense aussi qu’il ne faut pas trop catégoriser « ceux qui font », « ceux qui parlent », etc… et surtout pas les opposer.
@ Julien :
Ton point de vue me semble un peu extrême car justement tu opposes des archétypes. Mais les conditions du quotidien en entreprise ne sont pas aussi idéales (on manque de temps, de budget, d’intérêt de certains… tu ne peux pas le nier ou alors dis-moi vite où tu travailles
Et à l’inverse, tu ne peux pas dire que les critiques / philosophes qui s’intéressent au design sont uniquement instrumentalisés pour propager ou faire vendre un certain type de design…
Il y a de la place pour tout le monde, aucun ne détient LA vérité et c’est en accueillant toutes les contributions que l’on pourra faire avancer la situation du design.
Etre modeste et ouvert aux autres… C’est ce que l’on prêche dans notre pratique quotidienne, alors pourquoi cela ne vaudrait-il pas pour nous ?
Lorsque l’on n’arrive pas à dépassionner les débats, c’est l’ego qui les domine…
le 6 novembre 2013 à 16 h 13 min
@ Estelle.
Mais justement l’intelligence c’est la capacité à intégrer les contraintes: les délais-calendriers , les blocages, l’argent etc… Si le temps, les boulets, la finance ne sont pas intégrés, ce n’est pas de l’intelligence, ce n’est pas du Faire, ce n’est pas du design…c’est de la théorie. Du roman.
Quand une école de design recrute un philosophe pour le première fois cela signifie que quelqu’un a pensé, budgetisé, convaincu, plannifié l’usage d’un philosophe!!! Ce n’est pas le philosophe qui l’a fait! Il n’est que l’instrument d’une statégie.
Quand une entreprise budgetise un sociologue, un designer auteur, une agence.. c’est que en amont certains décideurs ont eu un jugement intelligent. Ont fait des choix. Ont mis en place un cahier des charges .
Ce n’est pas Roger Talon qui a pensé l’esthétique industrielle. C’est ceux qui l’ont budgétisé et assumé. Ceux qui lui ont donné du travail et un cahier des charges.
Mais oui il faut espérer un monde sans racisme, sans sectarisme, sans corporatisme, sans culture dominante etc… Mais si tu as responsabilité de lancer un nouveau produit qui doit garantir le maintien de l’embauche de 1000 personnes. Il faut penser à optimiser ta pensée dans un registre optimum et provisionner l’énergie pour des débats passionnés.
Pour les débats inconséquents. Nous sommes d’accords; il n’y a pas de raison de se passionner. C’est ce qui est bien dans la théorie et le verbe plaisant: c’est toujours gentil et inconséquent.
le 6 novembre 2013 à 17 h 40 min
Bien sûr que les managers et les commanditaires du design jouent un rôle important
Bien sûr qu’il faut intégrer les contraintes et les faire nôtres
Je n’ai pas dit le contraire, simplement que parfois, pourquoi pas sortir de la contingence pour prendre un peu de recul… ce n’est pas forcément être lent ou laxiste… Ce qui me gêne c’est que la culture de l’action qui semble être la tienne peut se transformer en précipitation et justifier le court-termisme qui nous entoure.
le 6 novembre 2013 à 18 h 58 min
Je ne suis pas pour une erreur d’appréciation dans le temps nécessaire. Je suis contre le glandisme au nom de l’intelligence et de la qualité. ( Pratique très courante chez les glandeurs)
ll est très courant que plus tu montes dans la hiérarchie plus les décisions sont stratégiques et il faut plus de temps. Tout cela doit être géré avec intelligence. Je ne pense pas que la notion de timing, importante pour les designers, soit bien maitrisée par les hommes du verbe n’ayant jamais eu de contraintes de temps.
Il en est de même pour le « travail main » Si il est enseigné, par exemple, sans la contrainte du temps il sera contre productif par rapport à la formation au métier de designer responsable.
« Le travail main » est indispensable mais doit intégrer la gestion de contrainte qui en font un apprentissage supérieur au bricolage ou à la déco du dimanche.
le 7 novembre 2013 à 12 h 04 min
@Estelle;
Tiens je viens de tomber sur un texte d’un philosophe fraîchement diplômé. Il prétend expliquer ce qu’est le design du XXI, et voici ce qu’il écrit. « Le design ne sert plus les intérêts des industriels mais de la société ».
Voilà des dizaines d’années que les designers doivent entendre ces insultes venant de donneurs de leçons. Je ne pense pas que nous ayons une obligation de les entendre au nom de l’intelligence et des Savoirs!
Faire faire du « travail main responsable » à ce genre d’individu ne pourrait que l’éduquer dans la finalité et les contraintes des produits industrialisés. Et des services qui vont avec. Et lui faire, si c’est encore possible, intégrer que les designers pensent à la société depuis un siècle.
le 9 novembre 2013 à 12 h 57 min
Pour moi, c’est une évidence que les designers doivent « mettre la main à la pâte » afin de pouvoir toucher les formes jusqu’à la phase finale pour un sens optimum.
La question la plus riche serait de savoir si ceux qui écrivent ( Sur le design ou non) devraient mettre la main à la pâte pour avoir des écrits plus qualitatifs et de fond.
Depuis toujours ils présentent le design que comme du dessin, comme un style esthétique. Et refusent ( Par ignorance ?) de préciser que le design a du sens, donne du sens. Crée l’Etre.
Si ils pratiquaient le « faire design » ils apprendraient à mieux penser.
Ainsi nous constatons que leurs démarches aboutissent toujours aux mêmes conclusions. Des conclusions « politiques ». Même grille, même système, même conclusion depuis plusieurs générations. Une conclusion politique traditionnelle droite/gauche, capitalisme/communisme: le design est au service de l’industrie, des intérêts des patrons, du capitalisme, des cents familles ….
Pour eux cela signifie que si les designers ne pensent pas comme eux, c’est qu’ils ne pensent pas. Qu’ils ne savent pas comment bien penser.
Et qu’ils doivent leur expliquer que le design devrait devenir sociale, humaniste.
La pratique du » faire design » leur ferait comprendre que le produit design crée l’Etre et répond aux attentes de l’Homme. Que le design est humaniste pas définition. Et cela depuis prêt d’un siécle. Mais qu’ils l’ignorent. Mais qu’ils n’ont pas eu les outils pour le penser.
La pratique « du fait main design » développerait leur mode de pensée et renouvellerait, moderniserait leur grille et leur système.
le 12 novembre 2013 à 14 h 38 min
@Julien
« Le design ne sert plus les intérêts des industriels mais de la société ». Je ne connais pas le philosophe en question ni la pertinence de son analyse. Néanmoins, en quoi est-ce une insulte. Dire qu’il y a une évolution dans le rôle du design et des designers me paraît plutôt valorisant pour le design.
le 12 novembre 2013 à 17 h 40 min
@Julien, @G Ranger
Ce n’est pas parce que certains écrivent des formules lapidaires et caricaturales qu’il faut que vous tombiez dans le même écueil… Comment peut-on, aujourd’hui comme hier d’ailleurs, tirer de grandes généralités sur « LE design » ?
C’est tout ce que je cherche à dire depuis le début de ce débat : en catégorisant les pensées et les gens, on oppose et on se prive ainsi de toute une dynamique d’échanges dont on a grandement besoin…
le 12 novembre 2013 à 17 h 45 min
@Helene;
J’avais mis les initiales de ce philosophe ainsi que quelques mots d’oiseaux. Ils ont été enlevés. Et je comprends pourquoi. C’était inutile. Même si cela faisait du bien.
Son « analyse » manque totalement de pertinence. Du genre se prendre pour un designer pour avoir dit deux mots dans la composition de son propre site ou celui d’une association politique. Et s’autoriser, ainsi, à « fonder » le design et apprendre aux designers à penser. ( Très courant ce niveau de pertinence).
Et aller sur de nombreux sujets de Wikipedia pour y imposer son nom!!!
L’insulte, c’est dans le « plus » de « ne sert plus ». Limiter le travail des designers à avoir SERVI les industriels est insultant. Comme de dire que les patrons ne pensent qu’à leur compte en banque. Et c’est faire preuve d’une totale inculture du design.
Ce que ce genre de personne entend par l’évolution du design n’est que leur propre évolution dans la compréhension du design. L’évolution de leur ignorance n’est pas une methode qui peut fonder leurs écrits! Et légitimer leur arrogance.
Ce genre de philosophe devrait être obligé de « faire » personnellement leur site et des produits. Ils comprendraient que si ils ne font pas « social » ils ne peuvent pas « faire » Et ils se cassent la gueule.
Il a fait son agence. Mais elle n’a pas marché. Mais je ne pense pas que cela ait été une expérience suffisante pour qu’il apprenne. Il a trop à apprendre.
le 13 novembre 2013 à 10 h 18 min
Estelle;
J’ai cru à une époque à la belle généralité de « dynamique de l’échange ». La communauté au coin du feu dont il sort le bonheur pour tous.
J’en suis revenu. Et l’histoire démontre que je ne suis pas le seul. C’est comme tu le dis : « les grandes formules…. »! Dans le le monde réel il faut être plus exigeant, plus sélectif pour que la communauté ne soit pas au seul service des profiteurs qui la joue minimaliste dans le collectif.
Oui, catégorier les personnes, « c’est mal ». C’est ce qu’il est correct de dire. Nous sommes formés pour le croire.
Mais quel rapport avec les échanges? Quel rapport avec la qualité des échanges?
Certains y trouvent avantage à ne pas être évalué, jugé, catégorié… Mais est-ce l’intérêt du groupe? L’intérêt du projet?
Le designer pour ses projets doit être qualifié dans sa capacité à évaluer, positionner, sélectionner les personnes avec qui il échange. C’est l’intérêt du groupe et du produit. Une grande partie de la qualité des échanges dépend de cette capacité à « évacuer » ceux qui nuisent au projet. Aux intérêts collectifs. (Pour différents aspects du cahier des charges).
Le designer doit aussi être qualifié pour organiser le tempo des diverses interventions dans l’échange. Par exemple faire intervenir un BON philosophe (sélectionné) en amont peut avoir de l’intérêt. Mais avoir des échanges avec lui dans la phase de finalisation peut tuer le projet. Il faut donc positionner les échanges dans le temps avec lui.
Oui, LES designs. mais ce n’est pas une raison pour réécrire l’histoire du design et oublier que c’est un métier exigeant. Et qu’il a un coeur de compétences qui fait ses valeurs.
le 6 décembre 2013 à 13 h 45 min
Si ça peut vous rassurer, ne vous inquiétez plus: le designer, en entreprise est bien considéré comme un faiseur. C’est aussi pour ça qu’il échappe la plupart du temps au syndrome du management… aucun risque que le designer, dans la structure actuelle de la société française ou l’Ingénieur et le Financier sont les rois (rayez la mention inutile en fonction des entreprises), intellectualise un minimum son métier.
Merci d’atterrir!