Interview: Christophe Delcourt
C’est aujourd’hui Christophe Delcourt, designer et architecte d’intérieur au parcours atypique intervenant pour son propre compte ou divers éditeurs de renom dans le domaine du mobilier, qui répond à quelques unes de nos questions.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel?
Je suis autodidacte: je n’ai pas de diplôme en architecture d’intérieur ni en design. J’ai débuté en fabriquant moi-même mes pièces, puis, au fur et à mesure du développement de la société, j’ai rencontré des artisans et fabricants français aux techniques et savoir-faire très variés, et ce sont eux qui réalisent mes créations aujourd’hui.
Sur quel(s) sujet(s) travaillez-vous en ce moment?
Je travaille actuellement sur une nouvelle collection qui sortira en septembre pour Objets Mobilier (ma maison d’édition). Cette collection sera constituée de sièges, dont un fauteuil ottoman, d’une série de tables basses et bouts de canapé, et d’une table de repas entre autres. Elles seront présentées dans notre showroom à partir du 5 septembre prochain.
Combien de personnes compte votre agence?
L’agence emploie aujourd’hui deux designers, une personne qui se charge des commandes et des transports, et un chargé de production (pour le suivi de fabrication).
Quelle est votre méthode de travail habituelle?
Il y a deux présentations de nouveaux modèles par an, liées au calendrier du salon Maison & Objet (septembre et janvier), car ce sont les deux périodes de l’année où nos clients étrangers nous rendent visite.
Je n’ai pas de méthode particulière. C’est une compilation de choses car il est très compliqué de se concentrer au showroom qui est toujours en mouvement. Je profite de moments d’isolements, comme lors de mes déplacements professionnels par exemple. J’échange aussi beaucoup avec les points de ventes de mobilier pour connaitre les retours des précédentes collections, et les attentes des clients. J’utilise aussi les réseaux de prescriptions: par exemple, une nouvelle façon de penser le mobilier pour l’hôtellerie. Ces paramètres rentrent tous en jeux lors de la création. La rencontre avec les fabricants permet aussi de découvrir de nouvelles matières, et la vaste étendue d’artisans qui existe permet de produire des choses différentes. Notre catalogue est très vaste, puisque nous fabriquons des luminaires, tables, assises, pour toutes les pièces de la maison.
Fréquentez-vous les blogs et sites Internet consacrés au design, et si oui lesquels?
Pas du tout, aucun. Ni la télévision.
Y a-t-il un ou plusieurs designers, ou créateurs, qui vous inspirent au quotidien?
Certains ont été influents au cours de mon parcours (Luis Barragán, Andrée Putman …).
S’il y avait une chose à changer dans le design?
Les choses évoluent par elles-mêmes assez vite, et il faut rester dans le coup. Aujourd’hui, on se rend compte que les pièces fonctionnelles se réduisent à l’essentiel, plus précisément la chaise. Donc il faut trouver des pièces fortes, expressives, pour donner une vraie valeur à l’intérieur, car tout est intégré dans l’architecture du lieu (commode, consoles). Il faut donc donner l’envie d’acheter en sortant de la fonction pure du meuble. On a besoin d’un canapé mais on limite le nombre de pièces (quantité) et on augmente en termes de taille (augmenter le nombre d’assises sur le canapé). Et il ne faut pas oublier les budgets, souvent plus serrés en temps de crise, comme en ce moment.
Quelle est la commande que vous aimeriez vous voire confier?
J’aimerais collaborer avec certaines maisons prestigieuses françaises, comme Baccarat par exemple.
De votre point de vue, le métier de designer est-il enviable aujourd’hui?
Il est surtout riche de rencontres et d’échanges. Il est aussi indispensable, dans la mesure où plus les choses sont dessinées, et plus elles gagnent en qualité. Le designer apporte une plus-value en termes d’esthétique et de qualité. Il est utile s’il apporte ce gage et cette plus-value.
En soi, le fait de dessiner un meuble de plus n’a pas d’intérêt. Il faut être dans la justesse de la démarche, de l’économie actuelle, de la demande, des attentes. Il est important de prendre en compte ces paramètres économiques, de production et de commercialisation.
Pour finir, un livre, un site Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous?
Mon film de référence en termes d’esthétique est Amore, un film italien de Luca Guadagnino. C’est l’histoire d’une femme issue d’une grande famille italienne, qui souhaite quitter son mari. Je souhaite partager ce film pour sa mise en scène: l’esthétique nourrit l’histoire, et il y a un lien entre les faits et le lieu qui est très important.
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Quelques créations de Christophe Delcourt:
Bibliothèque Legend pour Roche-Bobois.
> Pour en savoir plus: www.christophedelcourt.com.
le 5 juillet 2013 à 16 h 26 min
Christophe delcourt est un designer que je suis depuis des années et dont j’apprécie beaucoup le travail