Le design des robots joue-t-il un rôle dans leur acceptation par le grand public ?
Par Nicolas Marquis d’Ova Design
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Les robots sont de plus en plus présents dans nos maisons, malgré les réactions hostiles face aux humanoïdes. Tout le challenge réside dans le design et l’apparence de ces robots, pour contrer cette peur de la déshumanisation…
En Europe, la population âgée de plus de 75 ans devrait atteindre 84 millions de personnes en 2020. Une tendance au vieillissement de la population et donc, à la perte d’autonomie, qui participe activement au développement d’un marché de la robotique d’assistance en pleine expansion.
La robotique d’assistance : une arrivée fracassante !
Après le robot Nao destiné à l’éducation, le robot Pepper a fait son entrée sur le marché japonais à l’été 2015 avec succès : les 1 000 robots disponibles à la vente se sont écoulés en 1 minute, selon Japan Times. L’entreprise Aldebaran Robotics à l’origine de ce robot a d’ailleurs été rachetée la même année par le groupe SoftBank au Japon, un pays qui fait le choix d’investir massivement dans les robots d’assistance pour faire face au vieillissement de la population…
Un autre acteur de taille sur ce marché, Jibo, le robot familial, a fait l’objet d’une campagne de financement participatif qui a fait fureur. L’objectif initial a été atteint dès la première journée avec plus d’1 millions de Dollars en provenance de 2 000 contributeurs. Preuve d’un engouement certain.
Le robot Buddy, le petit dernier de la robotique made in France est le premier robot compagnon jamais conçu pour le grand public. Lauréat en 2014 du concours de l’Innovation 2030, il a été commercialisé en juillet 2015 à moins de 1000 euros. Rodolphe Hasselvander, le co-fondateur de Blue Frog Robotics à l’origine de Buddy, voulait que les gens interagissent avec le compagnon. Il a tout misé sur le lien émotionnel pour créer de l’empathie chez l’humain afin qu’il le trouve mignon et sympathique. Avant Buddy, la start-up française souhaitait développer un robot humanoïde d’1m65… plutôt mal accepté. Il explique qu’à cause de sa taille et de son buste d’homme, les gens en avaient peur, répliquant : « Je ne veux pas de ça chez moi ».
L’apport du design dans l’acceptation des robots par le grand public
Aujourd’hui, le succès de Buddy est tel que les fondateurs de la startup ont séduit les investisseurs américains et viennent d’ouvrir des bureaux à Boston et San Francisco. Pour Buddy, Blue Frog Robotics a vite appris de son expérience avec le précédent projet et a surtout compris l’importance du design dans l’acceptation d’un robot sur le marché grand public occidental. Il a fait appel à une agence de design spécialisée dans l’expérience utilisateur.
La preuve que le robot doit s’adapter à l’humain et non pas l’inverse pour qu’il soit socialement acceptable. Ce n’est donc plus une déshumanisation des individus qui est en marche, mais une humanisation de la technologie quotidienne, grâce au design.
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Cet article a été publié une première fois sur le site Journal du Net