• Andréa Branzi à La Fondation Cartier

    La Fondation Cartier pour l’Art Contemporain accueille, jusqu’au 22 juin prochain, une exposition consacrée au travail du designer italien Andréa Branzi, créateur incontournable des années 1980-2000 et père du postmodernisme, un courant de pensée ayant réhabilité l’utilisation de formes et modèles inspirés du passé et de l’histoire de la création. Pour la fondation Cartier, Andréa Branzi a imaginé deux installations, réalisées en collaboration avec le CIRVA (Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts plastiques de Marseille), deux structures légères aux parois de verre et de métal entremêlées d’éléments naturels (branches d’arbre, fleurs…).
    La première consiste en une grande ellipse élaborée à l’aide de techniques proches de l’artisanat : de hautes lames de verre thermoformées sont simplement tissées avec des liens de chanvre, dessinant ainsi des cloisons à hauteur d’homme. Quelques objets meublent cet espace, notamment des sièges de la série des Animali Domestici (1985), illustrant eux aussi, par métonymie, l’hybridation du naturel et de l’artificiel chère au créateur.
    La seconde se nomme Gazebo (« belvédère » en italien). Conçue comme un petit pavillon, cubique ou presque, elle est construite en fines barres d’acier qu’une maille métallique vient recouvrir partiellement. Quelques éléments décoratifs y sont fixés, apportant couleur, sensualité et rondeur à cet espace par ailleurs plus « strict » et géométrique. Le Gazebo, habituellement destiné à l’observation du paysage, devient ici l’interface qui amène la nature au spectateur.
    Ces deux exemples illustrent ce que Branzi appelle une « modernité faible et diffuse » : des espaces ou objets caractérisés par leur perméabilité, leur flexibilité et leur aspect éphémère. Omniprésent dans son travail, la nature et ses modes de production sont ainsi envisagés à la fois comme des modèles conceptuels mais aussi comme des forces avec lesquels le créateur peut et doit interagir.
    En produisant ces espaces métaphoriques, Branzi en appelle à une nouvelle vision de sa discipline, ne reposant plus sur les modèles et dogmes forts de l’industrie et de la rationalisation, mais sur des énergies plus légères, telle la nature et ses saisons, capables de modifier en profondeur un environnement. Seuls ces nouveaux modèles sont en effet à même, selon lui, de permettre un renouveau de l’architecture et du design, mais également leur meilleure adaptation aux besoins d’une société « fluide » basée sur la communication, l’électronique et les services.
    Dans les locaux de la Fondation Cartier, le spectateur assiste à une remise à plat des relations habituellement établies entre forme et fonction, nature et technologie, industrie et artisanat, formel et informel, luxueux et trivial, pérenne et jetable… Pour Branzi, c’est d’ailleurs ce brouillage des frontières qui exprime le mieux les forces et complexités à l’œuvre dans notre société contemporaine.

    Alexandre Cocco

    http://fondation.cartier.com/


    Aucun commentaire

    1. Monique dit:

      Bravo pour votre commentaire très pertinent. Je suis allée voir cette exposition, et c’est vrai qu’elle est extrêmement intéressante. Je ne connaissais pas le travail d’Andréa Branzi, et cela m’a donné envie d’en savoir plus.

    2. Peter Marigold à la Fat Galerie « La revue du design dit:

      [...] revue du design Regards sur le design contemporain « Andréa Branzi à La Fondation Cartier Le dernier projet de Sottsass [...]

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